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Homo erectus

A la rencontre de « celui qui marche debout » Voir descriptif détaillé

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Introduction

Homo erectus, ou l’homme dressé, est considéré comme le premier homme véritable. Il a domestiqué le feu, changé son habitat, et voyagé.

Cet article vous replace dans le contexte de son époque.



Le Projet

Homo erectus, l’homme dressé

Dans un ciel bleu, brille un soleil radieux. Un léger vent souffle et porte doucement de doux nuages. Sur une rive de sable fin, se trouve un groupe d’hommes. En silence, ils observent les femmes et les enfants qui jouent dans la rivière. En retrait, assis sur des rochers, un groupe de vieillards. Leurs gestes sont des mots, le râle de leurs gorges des pensées. Soudain, l’un des hommes pousse un grognement et montre du doigt une dune non loin de la rivière. Les femmes et les enfants sortent de l’eau tandis que les vieillards les rejoignent.
Tous se mettent alors à ramasser de longues branches qu’ils amènent au sommet de la dune. Là, ils dressent une palissade.

Alors, ils construisent une hutte à l’aide de branches plus grosses. Ils renforcent la structure en utilisant des pierres qu’ils entassent. Puis, ils cassent du feuillage et en couvrent le toit. Une fois l’édifice terminé, un vieillard s’approche de l’entrée basse. Il entre dans la hutte commune et s’installe au milieu. Là, plusieurs femmes apportent du petit bois et des herbes sèches. Le vieillard lève alors le petit panier de branches qu’il porte toujours sur lui. Il soulève le petit couvercle de mousse et dévoile des braises rougeoyantes posées sur un fond d’argile. Très doucement, il en prélève une quantité et les pose sur les herbes sèches. Il souffle lentement et des flammes apparaissent, très vite un bon feu brûle dans la hutte.

Les hommes quittent alors le campement et s’enfoncent dans la petite forêt qui borde la rivière. La chasse a commencé. Les femmes, quant à elles, longent la rive et ramassent des baies, d’autres tentent de pêcher à la main. Pendant ce temps, les plus vieux se sont assemblés à l’extérieur de la hutte, ils observent les plus jeunes qui s’exercent à la sagaie. Dans un coin, deux hommes taillent des silex, plusieurs jeunes sont assis à leurs côtés et les observent.
Ces hommes sont nos ancêtres, Homo erectus de leur nom scientifique et pour ce groupe qui vivait il y à quelques 400000 ans, la fin de son histoire est proche.

Homo erectus, physique et anatomie

Homo erectus, ou l’homme dressé, est considéré comme le premier homme véritable. Descendant d’Australopithèques, il n’a rien en commun avec ses ancêtres. Erectus se tient droit et marche quasiment comme l’homme moderne. Cette démarche lui vient de modifications anatomiques : le bassin permet une station debout et ses pieds peuvent soutenir son poids. Les modifications de ses pieds entraînent la perte de leurs capacités préhensiles. Cette perte, qui distingue l’homme des primates, est comblée par une main agile qui doit être semblable à la notre. Cette agilité manuelle nous est confirmée par les nombreux outils retrouvés.



Outils.

Cleveland Museum of Natural History
(Etas-Unis).

Photo : Hairymuseummatt

Par son aspect, erectus nous ressemble. Il mesure environ 1m50 et a une puissante morphologie osseuse. Mais ce qui le différencie de l’homme moderne, c’est le visage. Il a un front bas et fuyant, les arcades sourcilières proéminentes et une mâchoire massive.
Petit à petit, le front se fera moins fuyant, cela en raison d’une boîte crânienne de plus en plus arrondie. Quant à la mâchoire, elle s’affinera petit à petit, erectus utilisant des outils pour couper sa viande ainsi qu’une nourriture cuite qui facilite la mastication.


Reconstitution d’Homo erectus.

à gauche : Westfälisches Museum für Archäologie, Herne (Allemagne). Photo :Lillyundfreya

à droite : American Museum of Natural History, N.Y. (Etas-Unis). Photo : Ryan Somma


Homo erectus se nourrissant Photo : www.horizonm.com

Le volume du cerveau d’erectus est compris entre 750 et 1400 cm3, tandis que celui de l’homme moderne est de 1000 à 2000 cm3. Il aurait donc pu rivaliser avec nous (le gorille à un volume de 500 cm3). Quant à celui des Australopithèques, il était d’environ 650 cm3.
D’après des études faites sur le cerveau, on suppose qu’erectus a un comportement nettement humain. Au cours de fouilles, on a trouvé des indications sur la manière dont erectus utilise son cerveau. Il fabrique des outils, certains transmis depuis des générations, mais il en invente aussi d’autres en fonction de ses besoins. De plus, en étudiant les ossements de ses proies, on en a conclu qu’erectus est un grand chasseur capable de planifier des embuscades : il se mesure ainsi aux éléphants antiques et aux tigres aux dents de sabres.
On suppose qu’une certaine organisation sociale règne au sein des populations d’erectus, les hommes chassant tandis que les femmes s’adonnent à la cueillette.

visage (réconstitué)


Tête d’Homo erectus.

à gauche : [Photo : www.u-picardie.fr

à droite : (Museum of Natural History, Michigan (Etas-Unis). Photo : Thomas Roche)

crâne

Epoque, lieu et migration d’Homo erectus

- Epoque :

Jusqu’à aujourd’hui, la chronologie voulait qu’Homo erectus ait succédé à Homo habilis, il y a de cela à peu près un million d’années. Mais cela est remis en cause en 2007 par l’équipe de chercheurs dirigée par Fred Spoor de l’université de Londres et Meave Leakey, après la découverte de deux fossiles au Kenya. Les deux fossiles sont des fragments de mâchoire d’Homo habilis datés de 1,44 million d’années. Dans la même zone, un crâne d’Homo erectus est daté, lui, de 1,55 million d’années. Cette découverte montre donc que l’apparition d’erectus est en fait antérieure à 1 million d’années, et que les deux espèces se seraient côtoyées pendant 500 000 ans. Les chercheurs vont même plus loin en avançant l’hypothèse que les deux espèces seraient issues d’un même ancêtre.
en savoir plus

Chronologie d’apparition des espèces
Temps en annéesEvénementsEchelle comparée
-15 milliards naissance de l’univers
-4.5 milliards naissance de la terre 1 janvier
-2 milliards Traces de vie 5 avril
ERE PRIMAIRE
-560 millions Etres vivants dans l’océan 20 novembre
-440 millions Amphibiens 3 décembre
-360 millions Disparition de 70% des espèces
ERE SECONDAIRE
-220 millions Dinosaures et grands reptiles 14 décembre
-215 millions Disparition de 75% des invertébrés
-210 millions Premier mammifères 15 décembre
-65 millions Disparition des dinosaures 25 décembre
ERE TERTIAIRE
-64 millions Disparition de 60% de la faune
-56 millions Prolifération des mammifères 27 décembre
-40 millions Premiers primates 30 décembre
ERE QUATERNAIRE
-4 millions Australopithèque 31 décembre 16H
-2 millions Homo habilis 31 décembre 19H
-1.8 millions Homo erectus 31 décembre 21H
-100000 ans Homo sapiens 31 décembre 23H
-35000 ans Ecriture 31 décembre 23H59

- Lieu :

Homo erectus est apparu sous les tropiques, où les vestiges les plus anciens ont été découverts. On a aussi retrouvé ses traces au Moyen et Proche Orient. Les vestiges les plus récents ont été découverts en Allemagne et datent de plus de 300000 ans, soit proche de son extinction.

- Migration :

Homo erectus, comme ses ancêtres, vit au départ sous les tropiques. Le climat y est favorable, alors pourquoi le quitter ?
Selon toute vraisemblance, cela pourrait être dû à la surpopulation. Avec une population toujours croissante, les ressources en nourriture diminuent peu à peu.
Alors Homo erectus se disperse. Probablement pas sous la forme d’une grande migration, comme un déplacement en masse de population sur des kilomètres, mais plutôt sous la forme d’un départ de plusieurs groupes s’installant à quelques kilomètres les uns des autres et le temps faisant, s’éloignant de plus en plus.
Peu à peu, erectus s’étend vers le nord, sous un climat moins clément que sous les tropiques. A cette époque, le monde connaît en effet une période glaciaire, erectus doit donc s’adapter, ce qui a pour effet d’accélérer son évolution.
Sa migration le mène en Chine et en Europe, cela en franchissant des isthmes ou simplement en longeant la Méditerranée.
Selon toute vraisemblance erectus atteint l’Europe il y a un million d’années.
Mais il est encore difficile de donner une date et un itinéraire précis.

Voici une carte approximative :

Le feu, allié précieux

En s’éloignant des tropiques, erectus est confronté à quelque chose qu’il ne connaît pas : le froid.
Il doit alors utiliser son intelligence pour faire face : il découvre le feu ou plutôt apprend à l‘utiliser.
Le climat étant changeant et violent, erectus a déjà dû rencontrer le feu. Par exemple, lorsque la foudre embrase un arbre. Il a probablement dû en avoir peur et cela pendant longtemps, jusqu’au jour où il ose s’en approcher.
Que se passe-t-il alors ? On ne peut que spéculer. A-t-il pris une branche enflammée et découvert que la chaleur pouvait être agréable ? Ou bien a-t-il remarqué que le feu faisait fuir tous les animaux, même les plus dangereux ?
Quoi qu’il en soit, erectus se rend compte que le feu peut être utile.
Il a dû faire de nombreux essais avant d’arriver à entretenir les flammes. Les plus anciennes traces de foyers datent de 750000 ans, dans une grotte du midi de la France. Des fouilles plus récentes, près d’Israël, montreraient que la maîtrise du feu pourrait remonter à 790000 ans.

Le feu permet à erectus de se réchauffer, de se protéger des animaux, mais aussi de se maintenir dans les grottes sans se faire déloger par les ours des cavernes qui y élisent aussi domicile.
En Chine, une grotte atteste de son occupation alternée par erectus, des ours et des tigres à dents de sabres, jusqu’au moment où l’homme en devient le propriétaire incontesté. Cette époque correspond au moment où l’homme a su entretenir le feu.
Dans cette même grotte on a trouvé un foyer dont les cendres étaient accumulées sur 7 mètres !

Mais le feu est aussi un moyen de faire cuire les aliments.
La nourriture s’en trouve améliorée, la cuisson libère des éléments complexes, des jus. La viande cuite permet un meilleur apport nutritionnel que la viande consommée crue, tout en étant plus facile à mastiquer.
En Chine, dans la grotte de Choukoutien, on a trouvé des os calcinés de cerf, de cheval, de porc…
Erectus utilise aussi le feu pour fabriquer de nouveaux outils. Une fois passés dans le feu, le bois de cerf est plus dur, les pointes des épieux sont plus efficaces...
Malgré les avancées apportées par le feu, erectus met beaucoup de temps avant de savoir allumer un feu par lui-même. La plus ancienne pierre à feu découverte remonte à 15000 ans.

Pour aller plus loin : Site-web
Découvertes des plus anciennes traces de feu http://hominines.portail-svt.com/news.php?lng=fr&pg=181
Faire du feu, les méthodes préhistoriques. http://www.prehistoirepaca.com/autres.asp?id_autres=26

Le chasseur

Contrairement à ses prédécesseurs, erectus fait preuve, durant son règne, d’une grande agilité pour la chasse. Il possède l’intelligence et les armes qui lui permettent d’avoir un apport régulier en viande.
Grâce à son intelligence plus développée que celle de ses ancêtres, il peut mettre en place des plans de chasse, préparer des stratégies basées sur ce qu’il connaît de ses proies. Cela lui permet aussi de pouvoir s’attaquer à des proies beaucoup plus grandes que lui.
Au Kenya, on a découvert les restes de 50 babouins et d’une grande quantité de pierres et d’outils provenant d’une autre région.

On peut aisément reconstituer ce qu’il s’est passé :

Il fait nuit, un homme se tient accroupi derrière un rocher, devant lui des babouins dorment dans les branches d’un arbre. Sur sa droite, il distingue la silhouette d’un autre chasseur. Ils sont plusieurs répartis autour de l’arbre. Tous attendent son ordre pour passer à l’attaque. Le chasseur attrape sa lance d’une main et de l’autre une des pierres que le groupe a apporté du village.
Sans un bruit, le chasseur se redresse puis pousse un cri, immédiatement suivi de celui de ses compagnons. Alors que les babouins se réveillent, les pierres commencent à leur tomber dessus. La panique gagne leurs rangs, plusieurs tombent au sol, inertes. Un mâle bondit au sol et s’approche du chasseur, se dressant sur ses deux pattes, il est presque aussi grand que l’homme et ses dents sont impressionnantes. Le chasseur ne laisse pas le temps à l’animal d’attaquer, il le transperce de sa lance.
La victoire revient aux hommes qui ne perdent pas de temps et commencent à découper les carcasses.

Cette attaque montre qu’erectus est capable de planifier des chasses.
Mais il peut aussi planifier des embuscades en utilisant le terrain à son avantage, par exemple les marais. Ainsi, on a retrouvé les restes d’un troupeau de bovidés dans un ancien marais. On suppose que les chasseurs ont poussé les animaux vers le marais et, une fois les bêtes enlisées, n’ont eu qu’à les achever.
Cette forme de chasse est aussi utilisée pour la chasse aux éléphants, on en a retrouvé des preuves en Espagne. On suppose qu’erectus se plaçait sur le chemin qu’empruntaient les éléphants lors de leur migration. Cachés de part et d’autre du chemin, les chasseurs attendaient. Puis, quand les éléphants passaient, les chasseurs se redressaient, armés de lances, de poignards et de pierres. A l’arrière du troupeau, des chasseurs allumaient un feu, les bêtes apeurées s’élançaient alors vers le seul endroit dégagé par les chasseurs, le marais. Une fois les pachydermes enlisés, les chasseurs n’avaient plus qu’à les tuer.

Habitat

Homo erectus s’abrite dans des grottes. Pendant longtemps, il doit y cohabiter avec les bêtes qui l’en chassent régulièrement. Cela prend fin lorsqu’erectus sait entretenir le feu.

Le chasseur se tient debout devant la grotte. Dans une main, il tient une lourde massue de bois dur.
Il garde l’entrée pendant que les autres membres du clan œuvrent à l’intérieur.
Des flocons commencent à voltiger autour de lui, la terre va se recouvrir d’un manteau blanc et froid. Le chasseur n’aime guère cette période, le gibier se fait rare et les fauves affamés plus agressifs.
L’hiver dernier, un ours était entré dans la grotte et les en avait délogés non sans tuer deux chasseurs. Cette année, cela ne se reproduira pas, car pendant l’été, le clan a fait une rencontre : un autre clan qui leur a appris à entretenir le feu, chose que le clan n’avait jamais réussi à faire auparavant.
Le chasseur se tourne vers la grotte, où un foyer brûle de mille feux, il y en a d’autres dans la grotte. Aucune bête ne s’approcherait cette année, le clan allait passer sa première année en relative sécurité.

Plus tard, erectus s’installe dans des huttes (il y a environ 380000 ans). En 1965, l’archéologue Henry de Lumley découvre sur un site de construction sur le mont Boron, près de Monte-Carlo, les vestiges d’un habitat datant d’environ 380000 ans.
Ce lieu est alors nommé Terra Amata.
La hutte est construite sur la plage, la Méditerranée étant à l’époque 28 mètres plus haute qu’aujourd’hui.
L’habitation fait selon toute vraisemblance 10 mètres sur 7. Au centre, se trouve un foyer, entouré de galets. Lumley découvre autour du foyer une zone nette de débris : on suppose que les habitants de la hutte s’étendent là pour dormir.
A plusieurs pas du foyer, on découvre les restes d’éclats de silex : c’est à cet endroit qu’un ou plusieurs hommes fabriquent des outils.
La découverte ne s’arrête pas là car Lumley et son équipe découvrent en creusant d’autres restes d’habitations. Les plus récentes sont au nombre de 11. Elles ont une forme ovale et à l’extérieur, contre les parois, des pierres y ont été apposées. Lumley déduit de ses observations que les habitants doivent être un petit groupe de chasseur en expédition de chasse.


Habitat ovale, reconstitution. Photo : www.hominides.com


Scène de vie. Photo : André Houot

Pour aller plus loin : Site-web
Interview des chercheurs de la grotte de Lazaret http://www.prehistoirepaca.com/base_interview.asp?id_idm=39
Lumey nous raconte la grotte du Lazaret http://www.canalacademie.com/ida4002-Les-dix-hauts-lieux-de-la,4002.htm
Musée de Terra Amata http://www.musee-terra-amata.org/

Bibliographie

- Les origines de l’homme, l’odyssée de l’espèce de Pascal Picq. Tallandier Historia.
- Aux origines de l’humanité de Pascal Picq et Yves Coppens. Edition France Loisirs
- La préhistoire de Marcel Otte. De Boeck Université.
- Terra Amata de Henry de Lumley CNRS éditions

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