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Parade nuptiale, approche scientifique.

Regard scientifique sur un comportement animal commun à différentes espèces : la parade nuptiale. Voir descriptif détaillé

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Regard scientifique sur un comportement animal commun à différentes espèces : la parade nuptiale. Voir descriptif détaillé

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Le Projet

Le monde animal regorge de phénomènes et de comportements fascinants. A travers les forêts , les déserts, les mers et océans, les scientifiques ne cessent de découvrir et étudier le comportement de certaines espèces animales. Nombre d’entre elles ont su évoluer et s’adapter aux différentes conditions de leur environnement pour devenir pérennes. D’autres, moins compétitives, ont disparu. La survie d’une espèce repose sur plusieurs critères qui ne seront pas évoquer en détail ici. Cependant, il est intéressant de se pencher sur un trait spécifique de la reproduction. En effet, la reproduction de deux individus intra-spécifiques (d’une même espèce) est primordiale pour le maintien de sa population. L’évolution naturelle a permi d’optimiser au maximum le succès de reproduction animale à travers, notamment, un comportement de séduction : la parade nuptiale. Vrai spectacle dansant ou palette de couleurs, les parades nuptiales séduisent. Elles séduisent l’oeil du naturaliste, mais pas seulement. La séduction est un paramètre de rigueur chez beaucoup d’animaux où la plupart du temps le mâle donne corps et âme pour satisfaire la femelle.
A travers une approche scientifique, nous allons tenter de comprendre brièvement l’origine des parades nuptiales et découvrir les caractéristiques de certaines d’entre elles.

Origine de la séduction animale

L’anisogamie

Il existe une asymétrie biologique entre les gamètes mâles (spermatozoïdes) et les gamètes femelles (ovules). Les premiers sont produits en très grande quantité et sont très mobiles alors que les seconds sont très gros mais limités en quantité. De par cette différence entre les sexes, les individus mâles ont un grand succès de transmission de leur gènes contrairement aux individus femelles.(Bell G., 1978)

La valeur sélective

La valeur sélective peut être décrite de différentes manières mais nous allons tenter de comprendre simplement ce qu’il en est. C’est Charles Darwin, naturaliste anglais du 19e siècle, qui parle pour la première fois de ce concept de « fitness ». Il s’agit du succès reproducteur d’une espèce . C’est à dire que chaque individu spécifique veut assurer sa descendance et transmettre son patrimoine génétique aux générations futures. (Abbot P., et. al.. 2011). Il existe donc un compromis entre les mâles et les femelles. En effet, les mâles peuvent se reproduire une multitude de fois afin d’optimiser leur fitness alors que les femelles, ne pouvant se reproduire autant, se doivent d’être sélectives sur le choix d’un partenaire fiable pouvant assurer les meilleurs caractères pour la descendance. (force, résistance, couleur...) et la survie de l’espèce.

La sélection sexuelle

Nous en venons donc tout naturellement à la sélection sexuelle qui est un concept complémentaire à la fitness. La période de reproduction est un cycle correspondant au période d’ovulation des femelles. Par conséquent, pour les mâles, les opportunités de transmettre leur gènes sont réduites et donnent lieu à une dure compétition. Cette compétition intra-spécifique provoque l’apparition de traits héréditaires plus ou moins prononcés. Ainsi, un individu mâle arborant une couleur plus éclatante qu’un congénère peut être signe de meilleur vitalité. Ces traits phénotypiques représentent pour la femelle un gage de qualité nécessaire en vue d’un accouplement prochain. Plus la compétition et la sélection sexuelle sont fortes et plus il existe un dimorphisme sexuel important, c’est à dire que les individus mâles sont morphologiquement différents des individus femelles.(Grammera K., Kruckb K., Juettea A., Finka B., 2000)

Les oiseaux de paradis

Dans le monde animal, les parades nuptiales peuvent être réalisées de différentes manières et effectuées à travers différents signaux (chimiques, sonores et visuels). Chez les oiseaux, les parades sont les plus impressionnantes et amusantes. Je propose de découvrir quelques-unes d’entre elles.

Une quarantaine d’espèces de paradisiers vivent dans les forêts reculées de la Nouvelle-Guinée. Difficile d’accès, cet environnement offre un spectacle étonnant.
Ci-dessus, le paradisier superbe Lophorina superba déploie son plastron au maximum et produit des claquements à l’aide des ses ailes. La femelle, séduite, suit le ballet sonore et coloré de son futur partenaire. Les deux faux yeux bleus métalliques ne sont que le reflet de plumes situées sur sa tête.(Frith D., Frith C.B., 1988)

Plus élaboré, le comportement de séduction du paradisier de Lawes Parotia lawesii est remarquable. Ci-dessous, le mâle crée une véritable piste de danse qu’il aura soigneusement nettoyée de toutes feuilles. Les femelles pourront admirer le spectacle sur des branches traversant l’aire de représentation à quelques centimètres du sol. Le prétendant commencera alors une danse en gonflant ses plumes pour former une robe de ballerine et s’agiter de gauche à droite. Fascinant !

Paradisier de Lawes

Je vous propose de regarder cette courte vidéo sur les deux espèces précédemment citées. Notez ici le dimorphisme sexuel entre les deux individus.

Poissons

Le cas de l’épinoche Gasterosteus aculeatus est intéressant car cette espèce utilise aussi des signaux visuels lors de la cour nuptiale. Le mâle change de couleur et crée un nid fait de végétaux aquatiques afin de satisfaire la femelle qui y déposera ses oeufs. A noter qu’un compromis entre l’investissement lors de la parade et la capacité à fertiliser les oeufs existerait pour les mâles les plus colorés (von Hippel, F.A.2006). En effet, ils investiraient trop d’énergie durant leur cour et ne pourraient en allouer assez pour la descendance.

Chémoréception

Certaines espèces animales s’adaptent à leur environnement malgré leur manque de caractères phénotypiques notables tels que les paradisiers. En effet, chez le Bombyx du mûrier Bombyx mori, des substances chimiques appellées phéromones, sont libérées dans l’air et peuvent être captées à des kilomètres à la ronde par les mâles. Cette adaptation leur permet de communiquer malgré la distance et ainsi de se retrouver pour s’accoupler.

Compromis


Les différents signaux sonores ou visuels utilisés lors des parades nuptiales constituent un compromis pour la survie d’un individu. En effet, si ces signaux ont pour but d’attirer les femelles (ou les mâles dans certains cas), ils attirent aussi les prédateurs. Certaines espèces émettront leur signaux que pendant une courte session au cours de la journée afin de limiter leur repérage.
Prenons l’exemple du grillon Gryllus integer. Il émet une fréquence sonore importante par le battement de ses ailes qui attire une mouche parasite Ormia ochracea. Cette pression de sélection modifierait les heures de chants des grillons (Cade, Ciceran & Murray, 1996).
Dans une autre direction, certains signaux sont utilisés pour tromper des espèces. Des adaptations végétales apparaissent notamment chez les orchidées qui attirent des insectes hyménoptères (guêpes, abeilles...) et profitent de leur imitation pour optimiser leur reproduction.
Une sorte de parade nuptiale inter-spécifique ? Dans tous les cas, l’orchidée mène la danse.

Discussion

Les parades nuptiales présentent donc de multiples facettes biologiques et se retrouvent chez de nombreuses espèces animales. Elles permettent la reconnaissance d’individus de même espèce bien que parfois deux espèces différentes puissent se reproduire et donner naissance à un hybride stérile aux chances de survie diminuées. Les caractères sexuels secondaires des mâles sont un signe de fiabilité pour la femelle qui sélectionne son partenaire méticuleusement. Le dimorphisme sexuel est donc une conséquence directe des parades et peut être un facteur supplémentaire de prédation . Chez certaines espèces, la femelle peut se reproduire avec plusieurs mâles. Une compétition spermatique intervient alors. Nous pourrions développer ce sujet dans un prochain article.

En attendant, je vous laisse méditer sur le comportement de séduction chez les humains !


Bibliographie

Abbot P., et. al.. (2011). Inclusive Fitness Theory and Eusociality. Nature, 471 : E1–E4.

Bell G. (1978). The Evolution of Anisogamy. Journal of theoritical biology. 73, 247-270.

Cade W.H, Ciceran M., Murray A.M. (1996). Temporal patterns of parasitoid fly (Ormia ochracea) attraction to field cricket song (Gryllus integer). Revue canadienne de zoologie, 74, 393-395.

Grammera K., Kruckb K., Juettea A., Finka B. (2000). Non-verbal behavior as courtship signals : the role of control and choice in selecting partners. Evolution and Human Behavior, 21, 371-390.

von Hippel F.A. (2000). Vigorously courting male sticklebacks are poor fathers. Acta Ethologica 2:83-89.
Frith D., Frith C.B. (1988). Courtship display and mating of the Superb Bird of Paradise Lophorina superba. Emu 88, 183-188.

http://www.bulletins-electroniques....

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