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Initiation à l'archéologie

La Science des choses anciennes Voir descriptif détaillé

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Introduction

Archéologie : n.f. - 1599 « arkhaiologia » - Sciences des choses anciennes, et SPÉCIALT. Des arts et des monuments antiques. Le petit Robert, dictionnaire de langue française, Paris, Éditions Le Robert, 1997.

Le Projet

Introduction

L’archéologie ou « sciences des choses anciennes » est une discipline qui s’attache à reconstituer l’histoire de l’Humanité par l’étude des traces matérielles laissées par l’homme sur un territoire ainsi que par la connaissance des sources écrites anciennes. L’intérêt de l’homme pour les vestiges du passé existe dès l’Antiquité ; ce sont les collectionneurs, les premiers, qui donnent naissance à la discipline. Cependant, des travaux des érudits locaux et de la recherche du bel objet sans souci de compréhension (chronologie et usage) à la discipline scientifique que nous connaissons aujourd’hui, il s’écoulera plusieurs siècles. Maintenant, l’archéologie emploie une démarche scientifique qui s’inscrit dans le cadre de programmes interdisciplinaires (intervention des sciences dites « connexes ») et réglementés. Ainsi, sous le terme d’archéologie, se regroupent, pour la France, des lois, des acteurs et des programmes spécifiques de recherche. Chaque chantier de fouilles archéologiques répond de recherches en amont et de valorisation en aval.

Archéologie en mots-clés

Avant la fouilleLe chantier de fouilleAprès la fouille
Définir S’équipe Interpréter
Rechercher Fouiller Rédiger
Prospecter Relever Stocker/Conserver
Interpréter Valoriser

Chapitre I : Archéologie, environnement législatif et administratif

1. Une archéologie, des lois

Pendant longtemps, l’archéologie a été une discipline d’amateurs ; une discipline non réglementée. Aujourd’hui, et ce pour mieux contrôler les interventions dans le sol archéologique, pour éviter les pillages, et surtout, préserver notre histoire, l’État français a promulgué des lois et fixé des cadres pour les chantiers archéologiques.

1.1. Des textes importants

- Loi du 13 décembre 1913 portant sur les Monuments Historiques (MH)

- Loi du 27 septembre 1941 portant sur la réglementation des fouilles archéologiques

- Loi du 1er décembre 1989 portant sur la réglementation des fouilles sous-marines

- Convention de Malte du 16 janvier 1992 portant sur l’engagement de l’Europe pour protéger son patrimoine archéologique

- Décret du 25 février 1993 portant sur les études d’impact pour des mesures compensatoires et des travaux archéologiques

- Loi du 17 janvier 2001 et décrets du 16 janvier 2002 portant sur l’archéologie préventive (amendée en 2004)

1.1.1. La loi du 27 septembre 1941

La loi du 27 septembre 1941 portant sur la réglementation des fouilles archéologiques est la première et la plus importante loi régissant l’archéologie. L’État, via le Ministère de la Culture, dirige et réglemente l’ensemble des chantiers archéologiques ouverts sur son territoire. Le sous-sol français lui appartient, et c’est dans cet esprit, qu’il accorde ou non une autorisation de fouilles ainsi qu’une subvention aux organismes de recherches.
Pour obtenir une autorisation de fouille, il faut en effectuer la demande auprès du Service régional de l’archéologie (SRA). La demande acceptée, le préfet de région délivre une autorisation nominative engageant la responsabilité du nommé. Dans le cadre de cette autorisation, l’État vérifie le respect du programme de recherche, et tel un organe consultatif, le recadre quand nécessaire. Si toutefois, le nommé (archéologue en charge du projet) venait à manquer à ses engagements, l’État peut le dessaisir du programme.

1.1.2. La loi du 17 janvier 2001

La loi du 17 janvier 2001 portant sur l’archéologie préventive réaffirme le pouvoir de l’État en matière d’archéologie ainsi que les missions à la charge de l’Institut nationale pour l’archéologie préventive (INRAP) :

-  prescrire ou non une opération de fouille archéologique en amont des travaux de constructions,

-  recadrer les découvertes fortuites, les opérations cadastrales sur le cadastre urbain, les repérages de zones archéologiques importantes à fouiller (zonage),

-  et établir un diagnostic de terrain sur l’importance de fouiller et de sauvegarder une zone en amont d’un chantier de construction.
Selon le diagnostic établi, le préfet accorde ou non aux aménageurs le droit de poursuivre les travaux de construction, souvent après une fouille minutieuse qui est financièrement à leur charge. C’est le calcul de la redevance que doivent les aménageurs que remet aujourd’hui en cause cette loi.

1.2. Respecter et protéger

1.2.1. Des interdictions

Ces lois n’ont qu’un seul objectif : protéger notre patrimoine et notre histoire. Ainsi, il est formellement interdit de :

-  Cacher l’existence d’un site archéologique. Tout site découvert fortuitement doit être déclaré auprès des autorités en charge.

-  Détruire ou détériorer tout mobilier archéologique.

-  Utiliser des détecteurs de métaux. En effet, les détecteurs de métaux, comme leur nom le précise, ne repèrent que les objets métalliques. En creusant pour prendre les objets métalliques, on détruit le sol archéologique. Par ailleurs, les objets métalliques ainsi prélevés sont sans contexte et ne peuvent nous apporter aucune information. Notre histoire est définitivement perdue !

1.2.2. Des protections à titre d’exemples

-  Article R-111 du code de l’urbanisme : protection des zones non-fouillées comportant de nombreux et importants vestiges.

-  Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP) : protection des quartiers historiques et archéologiques en ville.

1.3. Des chantiers, des cadres

1.3.1. Archéologie programmée

L’archéologie programmée se développe dans le cadre d’un programme de longue durée (3, 4, 5 ans) et autour d’une problématique de recherche qui nous permettra d’accroître notre connaissance de l’Humanité. Les fouilles archéologiques sont motivées par la recherche scientifique (Centre national pour la recherche scientifique ou universitaire).

1.3.2. Archéologie préventive

L’archéologie préventive est motivée par l’aménagement du territoire et des travaux de constructions. Elle a un caractère obligatoire en amont de la construction et s’effectue dans des moyens de coûts et de temps limités par des équipes d’archéologue venus de l’INRAP.

1.3.3. Découverte fortuite

La découverte fortuite est une découverte de première importance par un découvreur à tout hasard. Le découvreur est responsable de la découverte et a l’obligation de déclarer sa découverte aux autorités en charge : la mairie ou les gendarmes. Des fouilles de sauvetage seront rapidement entreprises pour préserver les vestiges mis au jour.

2. Des acteurs en charge de l’archéologie nationale

2.1. L’État, le Ministère de la Culture...

Au sein du Ministère de la Culture, la Direction du patrimoine et de l’architecture (DAPA) a pour principales missions :

- Favoriser la création architecturale (espace bâti, à bâtir, protection du patrimoine bâti).

- Protéger, conserver, recenser, faire connaître le patrimoine archéologique.

- Faire appliquer la loi en matière d’archéologie, notamment lors de travaux de construction.

- Développer les métiers et conserver les savoirs-faire ancestraux.

- Participer à la formation, à l’éducation du public et à la diffusion des découvertes (publications, livres, plaquettes, etc.).

Au sein de la DAPA :

-  La Direction de l’administration générale (DAG), dans le cadre des missions « recherches et technologies ».

-  La Direction des musées de France (DMF), dans le cadre des programmes muséographiques.

-  La Sous-direction de l’archéologie (SDA) gère un grand nombre d’organismes de recherches pour accroître notre connaissance du patrimoine national :

  • DRAMSS (Département de recherches archéologiques subaquatiques ou sous-marines) situé à Marseille et à Annecy.
  • CNP (Centre national pour la Préhistoire).
  • CNAU (Centre national d’archéologie urbaine) à Tours.
    Le représentant de la DAPA en région est la Direction des affaires culturelles (DRAC). Au sein de la DRAC, le Service régional d’archéologie (SRA) peut entreprendre des fouilles.

2.2. D’autres acteurs

-  Le Ministère de l’Éducation Nationale dans le cadre du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) et des universités.

-  Le Ministère des affaires étrangères dans le cadre de missions archéologiques françaises à l’étranger.

-  Les collectivités territoriales : villes, département, région sous la tutelle de l’État.

2.3 Les organismes de contrôle scientifique

2.3.1 Commission Interrégionale d’Archéologie (CIRA)

La Commission interrégionale d’Archéologie regroupe les régions selon leurs intérêts scientifiques. Elle se compose d’un inspecteur en archéologie mandaté par l’État, d’un membre du CNRS mandaté pour ses compétences, d’un membre de l’enseignement supérieur mandaté par le conseil des universités, d’un membre de la DRAC, d’un agent des collectivités territoriales, d’un archéologue représentant les associations bénévoles et de deux spécialistes choisis leurs compétences dans le domaine de la recherche. Ses membres se réunissent une fois par mois autour préfet de région ou son personnel représentant qui préside l’assemblée (pouvoir de décision).
Le rôle de la commission est de conseiller les archéologues dans leurs recherches. En archéologie programmée, elle rend un avis écrit sur les dossiers de fouille qui lui sont présentée et détermine l’intérêt qu’il demeure ou non à ouvrir un chantier de fouille archéologique.
En archéologie préventive, elle n’intervient pas dans la rédaction du compte-rendu de diagnostic préalable à la fouille. En revanche, elle aide les chercheurs à définir leurs problématiques de travail. Pour l’ensemble des chantiers ouverts, elle examine le dossier final de synthèse (DSF) rédigé par l’archéologue en charge de la fouille.

2.3.2. Conseil national de la recherche archéologique (CNRA)

Le Conseil national de la recherche archéologique est un organe consultatif. Relève de sa compétence l’ensemble des sites archéologiques d’intérêt national, des sites archéologiques se trouvant sur les territoires d’Outre-mer, des sites sous-marins, et des sites ouverts dans le cadre de travaux de construction.
Le conseil se compose de 26 membres dont 9 permanents qui peuvent se subsister aux autres membres pour les mesures urgentes, tous élus pour leurs compétences dont 12 par la CIRA. Ainsi, il comporte des représentants en Préhistoire, Protohistoire, Histoire, archéologie urbaine, architecture monumentale gallo-romaine, archéologie des cultes et rituels gallo-romains, archéologie du bâti, archéologie industrielle, etc. Ses membres se réunissent autour du ministre de la culture, qui, à ce titre, définit les programmes annuels, triennaux, et pluriannuels nationaux et internationaux, gère la DRASSM et le CNAU, nomme des experts sur des chantiers particuliers et dresse la liste des experts pour l’attribution des objets archéologiques.

Chapitre II : Avant la fouille...

Une fouille archéologique répond à une problématique de recherche définie par l’archéologue et est toujours l’aboutissement d’une réflexion scientifique et de recherches préalables. Quelles sont les informations nous manque t-il sur notre histoire ? Où se trouvent les vestiges qui pourraient nous renseigner ? Doit-on fouiller tous les sites archéologiques découverts ?

1. Rechercher... Connaissance des sources anciennes

Nota Bene : L’Histoire commence avec l’invention de l’écriture. Pendant la Préhistoire, aucun peuple sur la Terre ne savait écrire. L’écriture n’a pas été inventée partout au même moment : certains peuples ont écrit des textes sur leurs voisins qui ne savaient pas encore écrire.
Depuis l’invention de l’écriture, les peuples ont écrit de plusieurs façons. Dans les temps très anciens, quand les hommes n’avaient pas encore inventé l’alphabet, ils écrivaient en dessinant. La pictographie est la plus ancienne forme d’écriture ; elle a été inventée, il y a environ 5300 ans par les Sumériens. Des peuples différents connurent ce type d’écriture et certains de leurs dessins, surtout ceux qui représentent des choses de la nature se ressemblent.

L’archéologue cherche des indices concernant l’existence de sites archéologiques :

-  Par la lecture des auteurs anciens
Les auteurs anciens comptent des historiens, des poètes, des marchands, etc. aussi vieux que la naissance de l’écriture qui nous racontent des événements, des bâtiments, des grands personnages et des manières de vivre. Cela permet à l’archéologue d’accroître sa connaissance d’une civilisation et de localiser des sites archéologiques encore inconnus.

-  Par le déchiffrement des archives
Pour lire les très nombreux documents du Moyen Âge, il faut déchiffrer les anciennes formes de la langue et de l’écriture. C’est la paléographie. Jusqu’à l’invention de l’imprimerie, il y a 550 ans, les livres étaient copiés à la main.

  • Chartes et livres : Quant un roi ou un seigneur, un évêque, donnait une terre, de l’argent ou des privilèges à une ou plusieurs personnes, il le déclarait sur un document daté et signé par des témoins. Ce document s’appelle une charte et les services d’archives en possèdent de très anciennes : certaines ont plus de 1000 ans. Elle renseigne les historiens sur les terres que possédaient les seigneurs, le nom ancien des villages et des fermes, et même celui des gens qui y vivaient en ces années-là.
  • Cadastres et plans : Sur le cadastre, est indiqué le plan de chaque parcelle d’une ville ou d’un territoire. Crée par Napoléon il y a 200 ans, le cadastre peut être utilisé pour déceler la présence d’un ancien monument. En effet, les parcelles de terrain étaient souvent limitées par des monuments. Quand ceux-ci ont disparu, la forme des parcelles est restée.

-  Par la compréhension des inscriptions

  • Bornes milliaires : Le long des voies romaines, des bornes indiquent aux voyageurs les distances entre les villes. Ces distances étaient données en milles d’où le nom de milliaire.
  • Épitaphe : Les Épitaphes sont les inscriptions qui figurent sur les pierres tombales. Elles nous renseignent sur la personne inhumée, son rang social et ce qu’elle a entrepris au cours de sa vie.

-  Par la connaissance des images
Lorsqu’un archéologue exhume un objet inconnu, il visite d’abord les musées et les dépôts de matériel archéologique pour voir si un objet identique n’a pas déjà été identifié. Puis, il explore les images à sa disposition : sculptures, gravures, peintures, dessins, etc. Il se fait aider par un iconographe. Malgré tout, pour certains objets, le mystère demeure.

-  Par la toponymie (Étude des noms de lieux)
Avant d’aller sur le terrain, l’archéologue étudie les cartes pour repérer les sites déjà connus, pour relever les noms des lieux et les anomalies du paysage. Les noms de lieu ont une histoire et indiquent ce qui pouvait si trouver dans les temps archéologiques (par exemple, en celte « dunum » indique un fort, une forteresse.)

2. Prospecter... Agir sur le terrain

2.1 La prospection aérienne

2.1.1. Technique de prospection

Les archéologues utilisent l’avion pour repérer depuis le ciel des anomalies de couleur ou de relief du sol. Ces anomalies, que personne ne voit depuis la surface, indiquent souvent des vestiges enfouis. Quelques jours avant le vol, l’archéologue examine les cartes de la zone à prospecter. Il recherche également dans les archives archéologiques régionales du Ministère de la Culture les vestiges déjà connus.
La prospection aérienne permettra ainsi de compléter ce que l’on connaît déjà sur certains vestiges. Les sites sont repérés lors d’un ou plusieurs survols de repérage à une moyenne altitude (500 à 1000 m.), puis ils sont photographiés lors de passages à basse altitude (150 à 300 m.). Une fois un site repéré, l’archéologue demande au pilote de tourner autour, de monter ou de descendre, afin de le photographier. Pour éviter les clichés flous, le photographe ne doit pas s’appuyer contre la carlingue de l’appareil qui vibre à cause du moteur. Certains avions ont une porte avec une verrière ; il faut l’ouvrir pour faire les photos tout en évitant de sortir l’appareil photo hors de l’avion car les turbulences de l’air le feraient bouger. Chaque fois que l’archéologue fait une prise de vue, il doit absolument marquer sur la carte l’emplacement du site qu’il vient de photographier.
Après le vol, une visite sur place, carte en main, est indispensable même si le type de vestige (habitat, fossé, voie...) est identifiable sur le cliché. Quelques mesures le terrain indiqueront l’étendue du site et une éventuelle collecte du site précisera l’époque des vestiges

Nota Bene : Depuis 1940, l’Institut géographique national (IGN) réalise en France les cartes routières que nous connaissons. Elles sont dessinées à partir de clichés pris d’avion, à la verticale du sol. Pour photographier de cette façon toute la France, il faut des milliers d’heures de vol. Un même endroit est photographié en moyenne tous les cinq ans. Les archéologues consultent les anciens clichés pour y déceler des vestiges archéologiques qui ont été recouverts ou détruits par des constructions récentes.

2.1.2. Les indices révélés par la prospection

-  Des indices pédographiques (du grec, « pedo » sol et « graphie » écriture)
Lors des labourages, le soc de la charrue racle les murs enfouis et remonte à la surface des fragments de pierre. Vus d’avion, ces fragments forment des lignes qui apparaissent en clair sur la terre labourée plus sombre et dessinent le plan des bâtiments. Ce sont les indices pédographiques.

-  Des indices topographiques (du grec, « topo » lieu et « graphie » écriture)
Des lignes et des formes visibles dans le paysage indiquent que d’anciennes structures subsistent. C’est ce qu’on appelle les indices topographiques.

-  Des indices phytographiques (du grec, « phyto » plantes et « graphie » écriture)
Vers mai-juin, la végétation est en pleine croissance et ses besoins en eau deviennent importants. Dans les champs, le moindre manque d’eau sera tout de suite très marqué : l’herbe se fane et jaunit plus vite au-dessus des murs enfouis. Des photographies spectaculaires peuvent ainsi être obtenues. Ces indices révélés par le manque ou l’abondance d’eau sont dits phytographiques.

-  Des indices sciographiques (du grec, « scio » ombre et « graphie » écriture)
Certains sites créent à la surface du sol ou dans les cultures, d’infimes creux et bosses. L’éclairage rasant du matin ou du soir accentue les ombres et rend visible ces microreliefs. Ce sont les indices sciographiques.

2.2. Les prospections au sol

Les prospections au sol repèrent les sites depuis la surface et servent à dresser l’inventaire de vestiges encore visibles (menhirs, fontaines, châteaux) ou enfouis. Ces prospections tentent de répondre à certaines questions : la zone prospectée a t-elle été habitée ? Par qui ? Quand ?

2.2.1 La prospection pédestre

En prospection pédestre, l’archéologue collecte sur le sol, sans creuser, des objets qui témoignent d’une présence humaine passée. Il fait ainsi une première estimation de l’étendue et parfois de l’âge des sites.
L’archéologue cerne sur la carte les limites de la zone, pas trop vaste, qui sera prospectée. Il reporte ensuite sur cette carte les vestiges encore visibles. Si un site n’est pas trop enfoui, les labours remontent à la surface de nombreux fragments d’objets. Avant d’aller prospecter sur le terrain, l’archéologue rencontre les agriculteurs. Il leur montre des objets représentatifs, comme de la céramique antique ou des fragments de tuiles romaines, pour savoir s’ils en ont trouvé dans leurs champs. Après ces labours et avant les prochaines semailles, l’archéologue rassemble une équipe de prospection. Arrivé sur le terrain, il repère précisément sur la carte topographique les champs qu’il va prospecter.
L’équipe se met en ligne à une extrémité du champ, laissant un espace de 5m entre chacun. Puis, tout le monde se décale et repart dans l’autre sens pour explorer la portion de champ contiguë. Quand le champ a été complètement prospecté, on passe au suivant !
Lorsqu’un prospecteur aperçoit sur le sol un élément archéologique, il avertit ses collègues autour de lui. Si plusieurs personnes signalent en même temps des objets, alors il y a une concentration : un site enfoui vient d’être découvert ! Le responsable marque sur la carte la position de la concentration. Il choisit ensuite les objets qui seront emportés pour être montrés aux spécialistes et archivés comme témoins de l’existence du site.

Nota Bene : Au cours de prospection dans les villes et les villages, l’archéologue recherche des remplois architecturaux. Un remploi architectural est un élément d’architecture (colonne, chapiteau, fragment de sculpture...) qui a été pris sur un bâtiment en ruine pour être utilisé dans la construction d’un autre.

2.2.2. La prospection géophysique

Les prospections géophysiques mettent en œuvre, à partir de la surface du sol, des appareils qui détectent des structures enfouies sans creuser. La prospection magnétique est la plus connue de ces méthodes. Elle est utilisée en archéologie depuis les années 60. Il s’agit de mesurer à l’aide d’un appareil la valeur des modifications du champ magnétique terrestre dues à l’animation de structures enfouies.
Tous les matériaux laissent passer plus ou moins de courant électrique. Le sol aussi. Cela est possible grâce aux sels dissous dans l’eau qu’il contient. Les scientifiques plantent des électrodes dans le sol et font passer un courant d’une certaine intensité. Sur un appareil de contrôle, ils mesurent la résistivité du sol au passage de ce courant entre les deux électrodes.

2.3 Les sondages d’évaluation

Un site archéologique peut sembler important d’après les traces repérées par la prospection. Mais un prospecteur ne découvre que des éléments proches de la surface, par exemple ceux remontés par les labours. Pour une meilleure connaissance d’un site, l’archéologue doit ouvrir des sondages. Un sondage est une fouille de petites dimensions, qui donne à l’archéologue une vision verticale du site. Grâce à lui, il aura une vision en profondeur qui lui permettra d’évaluer l’état de conservation des vestiges ainsi que leur intérêt scientifique. C’est une fenêtre sur le passé !

Nota Bene : Les sondages d’évaluation sont indispensables lorsque les méthodes de prospection aérienne ne peuvent être mises en œuvre et que le terrain va faire l’objet d’importants travaux en sous-sol. C’est le cas des chantiers en ville : constructions de parcs de stationnement souterrains ou bien creusement de ligne de métro.

Chapitre III : Le chantier de fouille

Une fouille archéologique est un chantier particulier. De nombreuses personnes et différentes techniques sont réunis pour un même objectif : noter tous les indices et prélever tous les objets qui racontent l’histoire du site.

1. L’équipe

Le chantier de fouille d’un site archéologique nécessite la présence de personnes possédant des compétences différentes et complémentaires, reflétant l’association des sciences connexes à l’archéologie. La constitution d’une équipe s’effectue selon le cadre dans lequel s’inscrit la fouille : archéologie programmée et archéologie préventive, ainsi qu’en fonction de deux paramètres essentiels : les résultats des sondages d’évaluation et l’urgence du chantier.

1.1. Une équipe hiérarchisée

1.1.1. Le responsable de fouille

Archéologue généralement en charge du programme de recherche, il s’assure de la bonne conduite du chantier archéologique sous tous ses aspects : scientifique, financier et relationnel. Une vaste tâche qui s’étend de la recherche scientifique à la valorisation des résultats de la fouille (rapport de fouille, publications, posters, expositions, etc.), de la demande de financements à la gestion du budget, de la constitution de l’équipe à la gestion de l’intendance, de l’accueil des publics sur le chantier à l’organisation de communiqués et de conférences de presse. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit d’une fouille préventive, il coordonne les calendriers des chantiers de fouille et de construction. Il confie la responsabilité de certaines tâches à ses collaborateurs.

1.1.2. Le responsable de zone

Si le chantier est très grand et présente des vestiges aussi divers (cimetière, habitat, édifices religieux, etc.), le site archéologique est divisé en zones, placées sous la responsabilité d’un archéologue. Les responsables de zones font part de leurs travaux aux responsables de fouille. La fouille d’une zone peut être terminée et le chantier continuer sur d’autres zones.

1.1.3. Le responsable de secteur

Dans une zone, il peut apparaître des vestiges qui demandent une fouille minutieuse et particulière par plusieurs personnes et pour une durée déterminée. Ce secteur de la zone est confié à un responsable qui communique ses résultats au responsable de la zone. À la fin de la fouille du secteur, l’équipe se déploie à nouveau sur la zone.

1.1.4. Le fouilleur

Souvent étudiant en archéologie ou bénévole passionné, il fouille, couche par couche et avec les outils appropriés, le sol archéologique. Il note toutes les informations recueillies dans le carnet de fouille : description de la couche archéologique et inventaire des structures et des objets mis au jour. Il conditionne les objets exhumés dans des sachets plastiques numérotées. Sous la houlette du responsable, il remplit les fiches d’enregistrement de couches et peut effectuer les relevés stratigraphiques ou en plan du secteur fouillé.

1.2. Une équipe agrandie

1.2.1. Le topographe

Il dessine le relief du terrain, implante le carroyage au théodolite laser ou à la lunette de géomètre et y fixe des repères d’altitude calculés par rapport au niveau de la mer (point zéro) pour dessiner en relief le site archéologique.

1.2.2. Le photographe

Il réalise toutes les photos du site : vues d’ensemble, de détail, de structures, ou encore d’objets.

1.2.3. L’architecte

Il dessine les éléments d’architecture. Certains chantiers, par exemple la fouille d’un quartier ou d’une ville entière, nécessitent que cette tâche soit confiée à une seule personne, voire à une équipe d’architectes.

1.2.4. Le dessinateur

Il dessine la surface des couches, les coupes stratigraphiques, les structures et le mobilier.

1.2.5. Le responsable du mobilier

Il supervise le lavage et le marquage du mobilier trouvé en fouille. Il assure le conditionnement et le stockage des objets et fait appel au restaurateur pour les objets fragiles.

1.2.6. Le responsable du matériel de fouille

Il s’occupe des outils de fouille : leur bon état et leur rangement. Il s’assure que chacun dispose des outils nécessaires à son travail.

1.3. Des scientifiques associés

1.3.1. L’anthracologue

Il intervient sur le chantier pour prélever les restes de graines et de bois.

1.3.2. L’anthropologue

Il fouille les sépultures, ce qui demande une grande minutie et des connaissances certaines en anatomie humaine.

1.3.3. Le palynologue

Il prélève des échantillons de terre pour étudier en laboratoire les pollens qu’ils contiennent afin de déterminer l’époque, et surtout, son climat.

1.3.4. Le sédimentologue

Il travaille au début du chantier et vient ponctuellement pour prélever des échantillons qui permettent de distinguer les couches formées naturellement de celles liées aux activités humaines.

1.3.5. Le restaurateur de mobilier

Il intervient ponctuellement sur le chantier pour consolider et prélever des objets fragiles ou encombrant (mosaïques, bijoux, etc.)

Nota Bene : Plus le nombre de personnes sur un chantier est important, plus les responsabilités et les tâches de chacun sont réparties, alors que sur un petit chantier, la même personne est amenée à tout faire.

2. L’archéologue et son matériel

De la pelleteuse au tamis, l’archéologue est son équipe disposeront de tous les moyens pour mettre au jour les vestiges du temps. Selon les lieux et le but poursuivi, différentes méthodes seront utilisées.

2.1. L’équipement de l’archéologue

L’archéologue travaille sur un chantier et tout chantier comporte des risques. S’il doit observer des règles élémentaires de sécurité, il doit également s’équiper en conséquence : porter un casque et des chaussures de sécurité (extrémités renforcées et semelles antidérapantes). Par ailleurs, il travaille en bleu de travail, porte des gants (gants de jardinier), et lorsqu’il pleut, il revêt un ciré. Il range toujours dans ses poches carnet de notes, critérium (mine plus précise pour le dessin archéologique), gomme, stylo, mètre, et parfois, instruments de dentiste.

2.2. Les outils de fouille

2.1.1. La pelle et la pioche

La pelle et la pioche terminent ou remplacent le travail de la pelle mécanique : il s’agit d’enlever plus ou moins rapidement les couches épaisses sans valeurarchéologique.Lorsque le travail devient plus minutieux, l’archéologue se sert du petit outillage.

2.1.2. Le petit outillage

-  La truelle triangulaire : La truelle triangulaire permet de dégager précautionneusement les objets en tournant autour, d’enlever la terre entre les pierres d’un mur ou de nettoyer la paroi de la tranchée. Étroite, elle ne sert pas à mettre la terre dans le seau mais à rassembler sur la pelle ménagère. Attention, elle est très pointue et peut rayer les objets lors de la fouille.

-  La truelle anglaise : La truelle anglaise est de forme losangique. Elle a les mêmes usages qu’une truelle triangulaire mais elle est plus solide car sa partie métallique est moulée en une seule pièce. Ses pointes sont moins aiguës que sur la truelle triangulaire et ne tranchent pas les objets fragiles lors de la fouille.

-  La truelle « langue-de-chat » : La truelle « langue-de-chat » possède une forme particulière sans bout pointu, avec une lame assez longue et étroite et assez souple. Elle sert dans des terrains meubles car elle est moins agressive.

-  La truelle de plâtrier : La truelle de plâtrier possède un large plateau. Elle servira donc à rassembler la terre et à la mettre dans le seau. Elle ne peut être utilisée pour sa pointe puisqu’elle n’en a pas !

-  La pelle ménagère : La pelle ménagère est employée pour porter la terre de la zone fouillée dans le seau. Elle est de préférence métallique et légère. La terre est réunie dans cette pelle soit avec une truelle soit avec une brosse.

-  La brosse :
La brosse sert à nettoyer les surfaces fouillées. Il en existe de plusieurs types, du petit balai en paille à la brosse à dents. Elle est utilisée pour nettoyer les murs, balayer la surface du sol. Plus la surface à balayer est fragile, plus les poils devront être fins et doux.
Les instruments de dentiste
Certaines fouilles délicates nécessitent des instruments extrêmement précis. C’est généralement le cas sur les chantiers concernant la Préhistoire car les archéologues y exhument de très petits objets.

-  Les sécateurs :
Au début de la fouille, les premières couches du terrain sont celles où poussent les végétaux. Les sécateurs servent à couper les racines des herbes qui sortent du sol. Parfois, il est même nécessaire d’avoir une petite scie pour des racines plus grosses comme celles des petits arbustes.

2.1.3. La brouette et le seau

La brouette et le seau servent à évacuer les déblais. La brouette se trouve en général loin sur fouilleur. Il est en effet impossible de la descendre dans la tranchée ou de la faire rouler sur les zones déjà fouillées, car cela salirait et abîmerait les vestiges déjà exhumés.

2.1.4. Le tamis

L’archéologue observe avec attention la terre qu’il met dans le seau, mais il sait que de petits objets peuvent lui échapper. Aussi, sur certains chantiers, utilise-t-il le tamis. Le tamis est un filtre. Il retient tout ce qui est supérieur à celle de ses mailles et laisse passer tout le reste.

2.3. Les outils de mesure

Un certain nombre d’outils servent à dessiner correctement les plans des ruines et les coupes stratigraphiques.

-  Le niveau à bulles :
Le niveau à bulles sert à contrôler l’horizontalité.

-  Le mètre : Le mètre est un mètre ruban métallique, à enrouleur et à blocage. Il sert pour les petites mesures.

-  Le décamètre : Le décamètre s’enroule sur lui-même et sert à mesurer les longues distances. Les chiffres sont sur un ruban métallique et plastifié pour éviter qu’il ne rouille.

-  Le fil à plomb :
Le fil à plomb sert à vérifier la verticalité des mesures.

-  La lunette de géomètre et la mire (grande règle graduée) ou le théodolite et le prisme :
La lunette de géomètre et la mire ou le théodolite et le prisme permettent de contrôler l’horizontalité et la verticalité des mesures. Plus moderne, le théodolite met en œuvre des techniques récentes, comme les ultrasons ou le laser, pour des mesures plus précises. Le laser se réfléchit dans le prisme et renvoie au théodolite la distance et l’altitude à mémoriser. Les points ainsi mémorisés sont automatiquement transmis à un ordinateur. Aussi, en quelques heures, la façade d’un bâtiment est dessinée.

3. La fouille archéologique

L’archéologie n’est pas une chasse au trésor et les archéologues ne cherchent pas des objets. Le métier d’archéologue consiste à réunir des indices qui vont permettre de reconstituer l’histoire du site fouillé.

3.1. La fouille

3.1.1. Le carroyage

Après les sondages, la délimitation de l’aire de fouille, et son débroussaillage, le premier travail de terrain consiste à implanter un système de repères en carré. Ces repères permettront de localiser les vestiges sur le site et de les dessiner. Pour cela, le topographe trace tous les 5 mètres, sur la totalité du site à fouiller, des lignes qui se croisent à angle droit. Ces lignes peuvent être matérialisées au sol par une cordelette tendue entre des piquets. C’est ce qu’on appelle le carroyage.

3.1.2. La fouille en aire ouverte

Dans cette méthode, chaque couche est dégagée sur toute sa surface puis fouillée jusqu’à atteindre la ou les couches inférieures.

3.1.3. La fouille en carreaux

Cette méthode laisse des bandes de terre d’une largeur de 1m, appelées bermes, entre les carreaux. Ces bermes permettent de visualiser la stratigraphie sur les 4 côtés de chaque carré. Un des inconvénients de cette méthode est que certaines structures peuvent être cachées dans les bermes, ce qui rend invisible le plan exact du site.

3.2. Couches archéologiques et unité stratigraphique

3.2.1. Que sont les couches archéologiques ?

L’homme a toujours laissé des traces. D’abord légères, comme un morceau d’outil en pierre, puis plus marquées, comme une couche de cendres entourée de cailloux signalant un foyer, et enfin de plus en plus importantes, comme des constructions en pierre ou en brique. Pendant ce temps, des événements naturels tels que séismes et inondations avaient lieu. Toutes les traces de ces événements se sont accumulées les unes sur les autres, lentement et progressivement, pour former les couches archéologiques.

3.2.2. Quelle est l’origine et la nature des couches archéologiques ?

En étudiant les informations apportées par l’étude des couches stratigraphiques, l’archéologue essaie de reconnaître les activités humaines qui les ont produites. Il distingue trois types d’activités : la construction, l’occupation, la destruction. Chacune laisse sur le sol des traces caractéristiques.

-  La construction laisse des traces diverses liées à la construction d’un bâtiment (terrain nivelé, tranchée, trous de poteau,
etc.).

-  L’occupation laisse des traces liées aux activités des habitants. En analysant les traces laissées par la construction et la destruction, les archéologues reconstituent le mode de vie des gens d’autrefois.

-  La destruction laisse des traces liées à l’activité humaine (incendie) ou à des causes naturelles (éruption volcanique, inondations, etc.). Elles se reconnaissent aux cendres et à la terre rougie par le feu, à l’arasement des murs, aux objets brisés sur place ou dans tous les sens sous les décombres.
Les couches de destruction les plus fréquentes sont celles qui suivent l’abandon par les occupants : pas de traces d’événement violent et de matériel car les habitants sont partis avec leurs affaires.

3.2.3. Stratigraphie et chronologie

L’ensemble des couches archéologiques forme un feuillet de couches de terre d’épaisseur, de couleur et de nature différente. Il forme une coupe stratigraphique. Tout d’abord, l’archéologue (ou le géologue) détermine l’ordre dans lequel les couches se son superposées, de la plus ancienne à la plus récente. Cela s’appelle établir la chronologie relative. Les archéologues disent « relative » car ils précisent qu’une couche est plus ancienne qu’une autre. Puis, l’archéologue recueille puis examine la matériel trouvé dans chacune des couches. Grâce à ce matériel (outils en silex, ossements d’animaux, etc.), il va dater l’époque de constitution des couches. Cela s’appelle établir la chronologie absolue. Les archéologues disent « absolue » car ils donnent la date précise de chacune des couches.

3.2.4. L’unité stratigraphique

Les archéologues utilisent le terme d’unité stratigraphique (US en abrégé) pour désigner le type de couches : sol, mur, trou de poteau comblé. Ils appellent interface la surface de contact entre deux couches. Une interface peut être horizontale (sol de circulation, arasement d’un mur, etc.) ou verticale (paroi d’une tranchée, d’un trou).
C’est au cours de la fouille que l’archéologue va distinguer les US grâce aux informations fournies par ses yeux et ses mains. Avec ses yeux, il va distinguer les US grâce à des différences de couleur (marron, rouge, clair) et de composition (pierre, argile, charbons de bois). La main aidée de la truelle va lui donner des indications sur la dureté (aérée ou compacte). Dès qu’une nouvelle US est mise au jour, l’archéologue la décrit sur une fiche.
La fiche d’enregistrement comporte le nom du chantier, le numéro de l’US, la date, le numéro de zone, le numéro de secteur, relations aux US qui la touchent, description de l’US (composition, couleur, dureté) et l’interprétation au moment de la fouille.
Lorsque le chantier est fini, le matériel étudié, les couches datées, l’archéologue va faire la synthèse des informations qu’il a recueillies sur l’ensemble des US. Cette synthèse est représentée par un diagramme stratigraphique à partir des informations notées sur les fiches durant la fouille.

3.2.5. Le contexte archéologique

Souvent, un objet trouvé ne peut être compris que s’il est décrit avec l’environnement dans lequel il était lors de sa découverte. C’est ce qu’on appelle le contexte. Il faut beaucoup de chance pour retrouver de nos jours des indices qui racontent l’histoire de nos ancêtres.
C’est pourquoi, sur un chantier, il ne faut jamais mélanger les objets qui proviennent de couches différentes. Aussi, dès que l’archéologue fouille une nouvelle couche, il prépare des sachets ou des boîtes. Chaque objet trouvé dans une couche est mis dans un des sachets ou des boîtes avec une étiquette qui porte le nom du site et le numéro de la couche.

3.3. Les relevés et la photographie

L’archéologue doit donc conserver le maximum d’informations sur tout ce qu’il observe et détruit. Pour cette raison, il réalise durant la fouille des dizaines de plans et de dessins, des centaines de photos. Tous ces documents lui seront nécessaires lorsqu’il rédigera son rapport de fouille. Ces documents sont également des archives très précieuses car ce sont les seuls témoignages qui resteront du site.

3.3.1. Le relevé stratigraphique

Chaque unité stratigraphique a une épaisseur. C’est celle-ci qu’il faut dessiner. Pour cela, il faut un ou plusieurs opérateurs et un dessinateur. L’archéologue a très bien nettoyé la paroi pour que la couche soit bien visible. Il peut souligner leur contour d’un trait tracé à la pointe de la truelle. Un décamètre est tendu à l’horizontale, à l’aide du niveau à bulle, au-dessus de la paroi. Sur la graduation marquée 20cm du décamètre, l’opérateur place le mètre ruban à la verticale grâce au fil à plomb. Le dessinateur repère alors à quelle profondeur par rapport au décamètre se trouvent les limites des couches. En tenant compte de l’échelle de son dessin, le dessinateur reporte ces mesures sur du papier millimétré. La même opération se répète tous les 20cm. Selon la précision désirée et les irrégularités, cette valeur est augmentée ou diminuée. Lorsque cela est fini, le dessinateur relie les points entre eux et met en évidence les différentes unités stratigraphiques.

3.3.2. Le relevé en plan

Tous les vestiges mis au jour doivent être représentés en plan. Pour réaliser un relevé en plan, le dessinateur utilise une feuille de papier millimétré. Il mesure la position des vestiges dans les carrés du terrain pour les reproduire, en plus petit, dans chaque carreau correspondant de la feuille. Pour cela, il faut choisir une échelle. Plus elle grande, plus le dessin est précis. Par exemple, avec une échelle au 1/100e, 1cm sur le papier représente 100cm sur le terrain.

3.3.3. La photographie de fouille

Les photos sont prises afin de conserver une trace des vestiges à un moment donné de la fouille, notamment lorsque des structures comme un mur, un foyer, une sépulture ou des objets remarquables sont mis au jour. Les photos d’ensemble donnent une idée de l’organisation des éléments sur le site.
Les prises de vue de détails ne sont réalisées que lorsque la zone est absolument propre. Pour cela, il faut :

-  couper à l’aide d’un sécateur, puis enlever les racines et radicules des plantes qui sortent du sol,

-  balayer soigneusement le sol et les structures, toujours à reculons pour ne pas laisser d’empreintes de chaussures sur le sol,

-  ranger tout le matériel de fouille (pelle, seau, truelle, etc.) pour qu’il n’apparaisse pas sur la photo.
Quand la terre est trop sèche, on peut l’humidifier afin que les différentes couches archéologiques apparaissent mieux.
Sur une photo archéologique, on note :

-  L’échelle (mire photo) indique la taille relative des objets et des structures.

-  La flèche est orientée vers le nord. Elle donne l’orientation des vestiges et permet de situer sur le plan l’endroit d’où la photo a été prise.

-  La légende, en lettres claires sur un fond sombre, précise le nom du site, la date de la photo, le carreau et les unités stratigraphiques photographiés.

Chapitre IV : Après la fouille...

1. Le nettoyage

Après une fouille, tous les objets trouvés remplissent des dizaines de bacs. Pour retrouver rapidement les objets d’une couche, l’archéologue a écrit le numéro de la couche sur les bacs. Maintenant, leur contenu doit être lavé.

2. Le lavage

Le nettoyage des objets n’est pas du tout une opération anodine. Il va supprimer tous les indices qui sont peut-être collés ou imprimées sur la terre qui entoure l’objet. Aussi il faut d’abord vérifier que des fibres de tissus, de débris organiques, des pigments de couleur n’adhèrent pas à sa surface. La plupart des objets peuvent être nettoyés à l’eau avec une simple brosse à poils souples. On ne doit pas utiliser les brosses métalliques car elles rayent les objets. Et même si ces rayures ne sont pas visibles à l’œil nu, elles deviennent des nids à bactéries et à champignons.

3. Le séchage

Une fois propre, chaque objet doit sécher. Le séchage doit être lent, sans radiateur, à l’abri du soleil, dans une pièce à l’ombre et sèche. Bien sûr, il faut toujours garder l’étiquette qui porte le numéro de la couche avec les objets correspondants et ne pas mélanger les contenus des différents sacs.

4. Le marquage

Tous les objets prélevés en fouille, puis lavés, doivent être marqués une fois secs. Le marquage doit être discret. L’objectif du marquage est d’inscrire sur chaque objet les informations liées au contexte de sa trouvaille (site archéologique, année de la fouille, numéro de la couche où l’objet a été trouvé, numéro d’inventaire). Après cette étape, chaque objet aura un numéro différent. Pour chaque couche, les objets sont d’abord rangés par catégories de matériau, puis numérotés en continu : d’abord les objets en pierre, puis ceux en métal, puis en os, en céramique, etc.

5. Le stockage

Une fois numérotés, certains objets sont envoyés dans des laboratoires pour être étudiés par des spécialistes. D’autres vont dans des laboratoires de restauration pour y subir des traitements de consolidation et de conservation. Les autres sont stockés dans des bacs faciles à manipuler, dans un endroit sec. Ils doivent être aisément accessibles, car durant les semaines ou les mois qui suivent la fouille, ils vont tous être étudiées.

6. La valorisation des résultats

Après l’analyse des informations recueillies (mobiliers, structures, sols archéologiques), le responsable de la fouille rédige un rapport de fouilles comportant le détail des informations recueillies, les dessins archéologiques et son interprétation scientifique. Ce rapport vient compléter et étayer un sujet de recherche beaucoup plus large ; il sera le support essentiel de prochaines publications, voire d’expositions temporaires ou permanentes. Lorsqu’un site archéologique présente un intérêt essentiel de conservation, il peut faire l’objet de la création d’un musée : un musée de site.

Conclusion

L’archéologie est une discipline scientifique qui s’inscrit dans un cadre juridique et administratif fort de l’État et dans le cadre de projets de recherche spécifiques, dans le seul objectif de nous permettre d’accroître notre connaissance des civilisations anciennes. Elle met en œuvre des professions, des méthodes et du matériel varié dans le respect des règles de sécurité et d’éthique et dans le souci également de préserver, de conserver et de diffuser une histoire commune à tous.

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