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De l'oreille au cerveau : quelle perception musicale ?

Comment percevons nous la musique ? Qu'est ce que percevoir ? Quelles sont les organes qui jouent un rôle lorsque nous écoutons ? Voir descriptif détaillé

De l'oreille au cerveau : quelle perception musicale ?

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Le Projet

La musique, cette entité que l’on décrit comme capable de créer comme de détruire, de susciter de vives émotions telles la joie, la tristesse, la jouissance…, nous avouons presque tous l’apprécier d’autant plus qu’elle est omniprésente dans nos vies.

D’aussi loin que nos souvenirs le permettent nous nous rappelons une musique liée à une période de notre vie : la musique jouée à notre mariage, notre premier slow …

Mais savons nous pour autant comment nous percevons la musique ? L’oreille est-elle la seule a tenir un rôle lorsqu’on écoute ? Comment cette information non verbale est- elle traitée par notre cerveau ?

Je pense qu’il est important de commencer cet article par une définition de la perception.

Qu’est-ce que percevoir ?

Le mot perception désigne soit la capacité sensitive (l’instinct par exemple), soit le processus de recueil et de traitement de l’information sensorielle ou sensible, soit la prise de conscience qui en résulte.
Nous nous intéresserons ici à la deuxième définition de ce verbe. En effet, nous allons tenter de comprendre le processus mise en place par notre oreille jusqu’à notre cerveau à l’écoute d’une musique.

Les sonorités voyagent à travers l’oreille et le cerveau, marquant souvent des étapes obligées dans certains des centres nerveux qu’elles traversent, en s’y métamorphosant avant d’atteindre notre conscience car chaque son, sélectionné selon sa forme et son environnement, va suivre son propre parcours.

Quels sont les chemins arpentés par les ondes sonores ? Quels organes contribuent à une bonne audition ?

Aujourd’hui nous avons acquis la certitude, grâce à des études scientifiques, que l’écoute fait appel à l’oreille et à des centres nerveux de notre cerveau, notamment la mémoire.
Dans un premier temps, quelle que soit leur provenance, les sons débutent leur long périple jusqu’à notre cerveau par l’oreille qui, d’un point de vue anatomique, est constituée de trois parties : l’oreille externe (le pavillon, le conduit auditif externe), l’oreille moyenne (les osselets qui permettent la transmission des vibrations au tympan) et l’oreille interne. L’oreille interne, appelée aussi labyrinthe osseux, contient les organes fondamentaux de l’ouïe dont la cochlée (connue également sous le nom de limaçon). La cochlée perçoit les mouvements et les vibrations du monde qui nous entoure : c’est cela l’audition.

Les messages sonores s’échappent alors pour atteindre, après avoir été modifiés par une succession d’organe, notre cerveau. Un premier groupe d’organes s’en est emparé et a modifié le message sonore de manière à ce que l’organe de Corti (organe de la perception auditive, constitué de cellules sensitives), présent dans l’oreille interne, soit en mesure de traduire les éléments sonores.
Dans la chaîne de neurones, parcourant les voies auditives depuis l’organe de Corti jusqu’à l’écorce cérébrale, qui va hériter du message sonore, d’autres organes vont continuer ce travail d’accentuation de certains sons. Le message nerveux auditif transmet les informations relatives à la fréquence, à l’intensité ainsi que celles qui se rapportent à la localisation de la source sonore.

Certains organes vont comparer le signal sonore avec les signaux déjà rencontrés et enfermés dans notre mémoire. En effet, celle-ci va s’activer dans le but d’essayer de reconnaître le message sonore.

Le message est reconnu comme un son au moment ou celui-ci pénètre dans le tronc cérébral (appartenant à l’encéphale, intérieur de la boite crânienne) ; c’est justement à cet instant que l’être humain prend conscience du son. Il est important de rappeler que ce long chemin est effectué en moins de 20 millisecondes. C’est cela la perception sonore.

Nous savons à présent que l’oreille dans la définition courante (ce qui désigne d’un point de vue anatomique seulement l’oreille externe) n’est pas la seule a tenir un rôle dans l’audition puisque l’information sonore est également traitée par notre cerveau.

Cependant le message sonore est-il traité de la même façon lorsqu’il relève de la musique ?

Du point de vue anatomique, le message sonore musical est bien traité de manière équitable, seulement lors de son arrivée dans le tronc cérébral l’information suit un autre chemin que lorsque le message sonore est verbal.

Certaines données affirment que la musique, contrairement aux autres sons que nous pouvons percevoir, ne repose pas sur un système unique. Certains patients ayant des troubles pathologiques à la suite d’une lésion cérébrale ont perdu leurs capacités a reconnaître des airs musicaux qui leur étaient pourtant familiers avant l’accident.

Une lésion cérébrale peut ainsi affecter ou épargner sélectivement la reconnaissance musicale. En effet suite aux recherches qui ont débutées dans les années 60 sur ce sujet, les chercheurs ont conclu, grâce à l’imagerie cérébrale, que la réaction était différente chez leur patient selon que le message était verbale ou musical mais ils ont aussi noté que l’imagerie se modifiait si le sujet était musicien ou non-musicien.

Il est vrai que les chercheurs ont montré que l’organisation tonotopique (relatif à l’échelle tonale qui régit depuis l’époque baroque la composition des œuvres musicales) du cortex auditif est modifiée par l’expérience musicale. A l’écoute d’une œuvre musicale, des parties de notre cerveau, non sollicitées à l’écoute d’un message verbal, s’illuminent sur l’imagerie cérébrale.

On remarque sur ces images une différence de spécialisation entre chaque hémisphère en fonction de la nature des signaux. En effet, une distinction a été établie entre les sons dits verbaux (provenant de la parole), qualifiés de signifiants, et les sons dits non signifiants (relevant de la musique).

Aujourd’hui les chercheurs ont établi divers chemins que la musique à la possibilité d’arpenter jusqu’à notre conscience. En effet, la musique fait appel à plusieurs paramètres qui ne sont pas régis par la même partie du cerveau. Selon les dernières conclusions scientifiques, le message sonore est traité suivant deux routes : la route mélodique et la route temporelle.

Cette hypothèse a été confirmée en 1935 grâce à la tâche de Stroop. La notion du temps d’une œuvre, relevant de la route dite temporelle, plus ou moins long va généralement se placer dans l’hémisphère gauche. Mais, au cours de nos études musicales, nous apprenons que le paramètre temps fait aussi référence au tempo, aux rythmes et à la métrique (nombre de temps par mesure) qui, eux aussi, vont se placer dans l’hémisphère gauche de notre cerveau. La reconnaissance de la hauteur des notes relève de l’aire auditive gauche. On remarque également une mise en action du lobe occipital gauche.

Les premières recherches, effectuées principalement sur des musiciens, ont montré que l’hémisphère gauche était plus sollicité car, suite à leur apprentissage de la musique, ils se basent sur les intervalles pour reconnaître une musique. L’analyse des intervalles étant traitée par l’hémisphère gauche, celui-ci fonctionne plus. C’est la raison pour laquelle les chercheurs ont déduit que la musique était majoritairement traitée par l’hémisphère gauche de notre cerveau.

En effet, l’identification des hauteurs fait appel à l’organisation tonotopique puisque que la musique relève, par essence, de la tonalité dans la majeure partie des cas (il faut mettre de côté certaines œuvres contemporaines dans lesquelles les compositeurs ont fait le choix de composer dans des échelles non tonales) qui se présente dans l’aire auditive primaire. Cependant la musique n’est pas traitée uniquement par l’hémisphère gauche de notre cerveau.

Au total, la musique possède la particularité de faire appel de façon équitable aux deux hémisphères de notre cerveau : tout ce qui relève du temps est traité par l’hémisphère gauche. En revanche ce qui relève de l’organisation tonale active l’aire auditive primaire. La reconnaissance d’une œuvre active notre mémoire qui, elle, se trouve dans l’hémisphère droit.

En conclusion, à l’écoute d’une œuvre musicale, le signal sonore va connaître un sort semblable aux messages verbaux mais son traitement va différer lors de son arrivée dans notre boite crânienne.

Bibliographie :

DUMAURIER E. 1990. La perception dans le domaine sonore Collection psychologique et pédagogie de la musique animéé par J.-P. MIALARET.

MC ADAMS S. et BIGAND E. 1994. Penser les sons : Psychologie cognitive de l’audition Presses universitaires de France.

LECHEVALIER B., PLATEL H. et EUSTACHE F. 2006. Le cerveau musiciens, Neuropsychologie cognitive de la perception musicale. édition De BOECK.

CHOUARD C.-H. 2001. L’oreille musicienne : Les chemins de la musique de l’oreille au cerveau.. édition Gallimard.

Source internet :

OLIVIER A. 2007. La symphonie neuronale. le journal du CNRS.

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