Accueil > Nos Actions > Journal de Bord des Opérations > Vacances Scientifiques > Au fil de l'amazonie 17-31 octobre 2015
Le Journal de Bord
Samedi 17 octobre
Après 9 heures de vol, tous les participants arrivent à l’aéroport Félix Eboué où Solène les accueille. Le premier contact avec la faune guyanaise se fait avec un papillon Papilionidae qui est posé sur la vitre du hall de l’aéroport. Le minibus est dans le parking. La deuxième rencontre avec l’entomofaune locale est moins drôle : des fourmis ont élu domicile près des pédales. Elles nous accompagneront tout le voyage mais finalement ne seront guère gênantes. Le logement pour la première nuit est sur la frange est de Cayenne. Une fois installés, nous allons faire un tour sur la plage, fréquentée par les locaux et par quelques touristes.
Des pêcheurs viennent de capturer une raie. Solène explique que plus tôt dans l’année des tortues viennent pondre dans le sable de cette plage. Nous trouvons un nid de tortues qui a été découvert par des chiens : ne restent que quelques coquilles d’œufs au fond d’un trou. Sur la mer nous observons quelques sternes non-identifiées et goélands atricilles. Le coucher du soleil est enchanteur. Nous sommes survolés par une aigrette neigeuse et par une frégate.
Dimanche 18 octobre
Il faut compléter l’équipement avant le départ pour la montagne de Kaw. En effet, en Guyane, le mode de logement habituel en camping est le hamac, complété d’une moustiquaire. Pendant les achats, Gabriel reste au logement et observe les quelques mètres carrés du jardin laissés à l’abandon. Un colibri y fait un bref passage, et deux mouches y sont capturées. Elles sont rapidement stockées dans l’alcool à 96 % ; elles seront plus tard envoyées à des chercheurs canadiens, afin de contribuer à la connaissance de la phylogénie des diptères Syrphidés.
Une heure de route suffit à nous amener à Patawa, sur la montagne de Kaw. Odette et Jeannot y tiennent un ensemble de carbets où ils accueillent les touristes de passage, au centre de la forêt. Nous installons nos hamacs et suivons les instructions détaillées pour bien emboîter les hamacs dans les moustiquaires, puis pendre le tout entre deux montants horizontaux. Il faut bien tester et vérifier tous les nœuds ! Pendant que nous nous installons, nous faisons lentement connaissance avec les bruits de la forêt : des amazones nous survolent en criant, ainsi que d’autres oiseaux que nous ne pouvons identifier.
Lundi 19 octobre
Le petit matin dans la clairière de Patawa est un moment privilégié : la zone dégagée est régulièrement visitée par deux colibris oreillards entre 7 et 8 h.
- Un ermite roussâtre quitte une inflorescence d’ananas qu’il vient de visiter, à Patawa (Montagne de Kaw).
Les tangaras à bec d’argent chantent en lisière dès qu’il y a un peu de lumière.
Départ du camp vers 8H50, après 5mn de route nous arrivons au départ du sentier qui nous amène au site d’observation du coq de roche (Rupicola rupicola). Nous faisons nos premiers pas dans la foret guyanaise tous les sens en éveil !! Ce sentier de la montagne de Kaw a été tracé afin de découvrir un « lek » de cet oiseau endémique de la Guyane, Le lek est la zone préparée par les mâles afin de parader et de s’accoupler. Le dimorphisme entre les sexes est important. Le mâle est complètement orange avec une belle crête de plumes, la femelle est beaucoup plus discrète, marron chocolat.
L’espèce vit toujours près des rochers, affleurements ou falaises ; le nid est inaccessible souvent dans des grottes,les œufs sont couvés pendant 1 mois .
Notre patience a été récompensée car nous avons eu la chance d’observer deux mâles lors de notre arrivée ; nous avons revu un mâle par la suite, puis une femelle ; la saison des amours commence en novembre. Cette année la présence de cette espèce semble précoce. Cette première excursion en forêt fut aussi l’occasion de notre première observation d’un papillon Morpho. Ces papillons de très grande taille (ils peuvent faire 20 cm d’envergure), sont très spectaculaires : les mâles sont bleus seulement sous un certain angle, sinon ils sont bruns. Lorsque l’on en voit un passer, on ne voit la couleur bleue que par intermittence, ce qui donne l’impression d’un papillon qui disparaît et réapparaît plus loin. Lorsqu’il se pose, il ne montre que la face inférieure des ailes, qui est brune, et il devient alors très difficile à détecter dans le sous bois !
Cet après midi, ce sera sentier carbone dans la réserve Trésor. Premier contact avec des arbres très imposants !
Ce soir, nous installons un piège lumineux afin d’attirer les papillons nocturnes. En prime nous aurons le droit à quelques guêpes et sauterelles.
Mardi 20 octobre
Ce matin, nous avons été doucement réveillés par un groupe de singes hurleurs qui se sont installés non loin de notre campement durant la nuit. Le mâle dominant était manifestement inspiré, et tous se souviendront du concert matinal (5 heures), surtout que Solène en a gardé trace sous forme d’un fichier MP3...
Avant le petit déjeuner nous avons admiré les cabrioles de deux colibris oreillards au dessus du parking du camping : le bruit des ailes rappelle le bruit des ailes d’un bourdon.
Solène nous a ensuite emmené au sentier de Favard, où nous avons exploré la forêt. Il faut faire attention où nous mettons les pieds, car les fourmis y ont aussi leurs chemins. Le sentier balisé croisait de nombreux chemins de fourmis, dont une « autoroute » de fourmis atta (ou fourmis à manioc). Elles transportaient des morceaux de feuilles bien plus grands qu’elles-mêmes.
Adèle et Solène ont aussi trouvé deux mygales, qui sont très camouflées dans leur environnement de feuilles mortes.
- Martha entre deux grands massifs de bambous (végétal importé d’Asie) à la Montagne Favard, Montagne de Kaw
Dans la montée, un dendrobate à tapirer a bondi devant Solène, puis s’est caché sous un morceau d’écorce ; ce qui a permis à chacun de voir sa livrée noire et jaune lorsque le morceau d’écorce a été soulevé.
Parmi les amphibiens, quelques crapauds feuilles ont démontré l’efficacité de leur camouflage, car il a été bien difficile de s’assurer que chacun les ait bien vus.
Notre exploration de la forêt a été égaillée par des papillons de plusieurs espèces, dont au moins deux espèces d’Heliconius et un Morpho qui surveillait les mêmes cinquante mètres de sentier à notre aller et notre retour.
Après deux heures nous sommes finalement arrivés au sommet où nous avons admiré les gravures amérindiennes. Le serpent et la figurine anthropomorphe étaient faciles à reconnaître mais le reste nous a laissé perplexe.
Au retour, grosse surprise : au moins quatre tamarins à mains dorées ont sauté d’arbre en arbre autour de nous. Parfois nous avions l’impression que c’était en en fait eux qui nous observaient...
Dans la descente au moins quatre toucans ont tourné dans la canopée nous donnant de petits aperçus. Le dernier oiseau de la forêt fut un jacamar vert, qui fait un peu penser à un grand gobemouche qui serait aussi coloré qu’un martin pêcheur et muni d’un bec très pointu. Adèle et Solène ont récolté des graines et leurs bogues en forme de papillons pour créer des bijoux fantaisie.
- Fin de journée à Patawa. On met de l’ordre dans ses notes de la journée, et Alain écrit le journal de bord.
Mercredi 21 octobre
Cette nuit les singes hurleurs ont été plus calmes ou plus éloignés, et nous ont mieux laissés dormir, ce que chacun a apprécié. Le réveil au son du chant du tangara à bec d’argent, vers 7 h est plus agréable.
Aujourd’hui le programme est une ballade en forêt le long d’une ancienne piste d’exploitation forestière. Le sentier part de la départementale à 1 km du camp ; aussi y allons-nous à pieds. En chemin nous observons deux grands rapaces noir et blanc, avec une queue très courte : nous les identifierons plus tard comme des vautours papes (Sarcoramphus papa), le plus grand des Cathartidés de Guyane, et une observation pas banale ! Cet oiseau niche en forêt, et pour son alimentation observe les allées et venues des urubus noir et à tête rouge, plus petits, afin de localiser les charognes dont il se nourrit. Sur une carcasse d’animal mort, sa taille lui donne l’avantage sur les autres espèces et son bec puissant lui permet de découper des morceaux inaccessibles aux espèces plus petites.
Durant l’excursion, nous observerons aussi plusieurs urubus noirs et à tête rouge. Le long du chemin, nous constatons que la végétation est très sèche ; en effet il n’a guère plu depuis deux mois. quelques papillons Morpho font leur apparition et suivent la piste parfois sur plusieurs centaines de mètres ; Martha a bien essayé d’en capturer un, mais comme il volait continuellement à au moins quatre mètres de haut, l’entreprise n’a pu être fructueuse.
Côté entomologique, nous avons aussi observé quelques papillons Heliconius le long de cette route.
Sur le chemin, Adèle et Martha ont trouvé une petite grenouille mal en point. Elles l’ont ramassée et l’on posée dans une petite flaque d’eau à l’ombre, et contre toute attente, elle a repris goût à la vie après quelques brasses. Une grenouille sauvée, une !
- La grenouille sauvée de la sécheresse, une fois qu’elle a récupéré dans une flaque d’eau. Ouf, cela va nettement mieux !
Au casse-croûte de midi, ce fut la pause ornithologique : nous avons pris notre repas sous le regard d’une buse urubu juvénile posée à 15 mètres de nous.
Une fois la buse partie, nous avons découvert dans la canopée une petite espèce de toucan : l’araçari grigri, Pteroglossus aracari, au bec bicolore, clair dessus, et noir dessous. Notre regard a aussi été attiré par d’étranges structures tressées en forme de poire dans les branches de la canopée le long de la lisière : nous avons fini par découvrir leur architecte ; il s’agissait de nids de cassiques verts Psarocolius viridis. Ces oiseaux ont un chant très mélodieux, et sont facilement reconnaissables de dessous grâce à leur queue jaune, avec les deux rectrices centrales brunes. Ensuite un Piaye écureuil nous a fait une jolie apparition au niveau du sol.
Cela fait du bien de regarder un oiseau en tenant pour une fois les jumelles à l’horizontale !
Jeudi 22 octobre
Ce fut la dernière nuit à Patawa, et les singes hurleurs nous ont encore fait un beau petit concert matinal, y compris bien après le lever du soleil. Bizarre bizarre...
Après le petit déjeuner et nos adieux à nos hôtes Jean et Odette nous quittons le camp Patawa vers 10 H, pour prendre la route du retour vers Cayenne.
Solène grâce à sa mémoire et son sens de l’orientation développé nous a amenés pile dans la zone de nidification d’une « harpie féroce » où nous avons pu observer un juvénile qui apparemment joue un peu les « Tanguy » !! Même de notre observatoire, à plusieurs centaines de mètres de l’aire de la Harpie, on distingue bien le poitrail blanc et les tarses emplumés du juvénile posé près du nid. Observation très rare car normalement son lieu de vie est la forêt primaire profonde. Nous retrouvons notre gite. Après la douche, une petite balade sur le Mont Bourda nous permet l’observation de quelques chauves souris.
Repas agréable sur la terrasse puis un gros dodo réparateur.
Vendredi 23 octobre
Une excursion matinale en bord de mer permet à Gabriel d’observer des limicoles nord américains en migration, comme les chevalier grivelé et le tournepierre à collier.
Dans la journée nous une excursion en forêt près du Fort Diamant, un bastion fortifié datant du milieu du XIXè siècle. Ce site est connu comme habitat favorable aux paresseux, mais nous ne les avons pas vus... Quelques Morphos, et Heliconius ont heureusement égaillé notre ballade forestière.
Samedi 24 octobre
Le matin nous embarquons Quentin, notre sympathique jeune spécialiste chauves-souris et oiseaux, et prenons la route vers le nord ouest. Chemin faisant nous découvrons les villages dispersés. Nous faisons escale dans une crique pour une petite pause, ce qui fut bien agréable. Des locaux sont aussi venus y faire leur vaisselle ou un barbecue.
En fin d’après-midi, nous installons nos hamacs à l’auberge de jeunesse de Simili, d’où on a une bonne vue sur l’estuaire du Maroni, et on devine les palmiers sur le côté surinamien.
- Notre campement en carbet à Simili. Un carbet est un logement avec un toit et des poutres pour accrocher des hamacs, mais sans parois latérales. Ce type de logement est très courant en Amérique tropicale.
Pour la fin de journée, Quentin et Solène nous proposent une ballade dans les rizières, qui sont un reposoir important pour les oiseaux migrateurs, un peu comme la Camargue l’est en France. Nous partons donc pleins d’espoir, et ne nous arrêtons pas à notre premier Busard de Buffon, car cette espèce est commune dans les rizières. Après quelques hésitations sur la route à suivre nous arrivons enfin sur l’accès aux rizières, mais celui-ci est fermé par un solide cadenas et une pancarte « propriété privée ». Grosse déception. Nous tentons néanmoins un accès à pieds, ce qui nous permet de voir de nombreux vachers, des carouges à capuchon et un balbuzard. Un faucon émerillon fait aussi une brève apparition. Cette espèce de la toundra arctique suit les oiseaux migrateurs dont il se nourrit. Déçus, nous retournons à Simili, mais découvrons au coucher du soleil que de nombreux oiseaux migrateurs se nourrissent dans la vase exposée par la marée descendante près du campement, en particulier des milliers de bécasseaux semipalmés, des grands et petits chevaliers.
départ, dodo à Awala _ marais asséchés_ léger soucis de sable...
Dimanche 25 octobre
Avant le petit déjeuner nous allons faire des observations sur la Digue de Panato, à 5 mn en minibus de Simili. Quentin y reconnaît de nombreux oiseaux, et nous avons de la peine à suivre, entre les donacobes à miroir et les troglodytes dont les apparitions sont furtives. Heureusement certaines espèces se laissent observer longuement dans de bonnes conditions.
Deux buses à tête blanche se posent en lisière à 50 m de nous, puis finissent par déloger un urubu noir de son perchoir avant de disparaître à leur tour.
Ce perchoir sera utilisé un peu plus tard par trois pics de Malherbe, magnifiques avec leurs huppes rouges.
- Trois Pics de Malherbe ont pris place sur le même arbre occupé précédemment par l’urubu à tête rouge et par une buse à tête blanche.
Sur un arbre appelé bois canon, nous découvrons un nid de colibri à 5 m de haut, caché sous une feuille à l’extrémité d’une branche. Il y est bien protégé des prédateurs éventuels.
Après le petit déjeuner nous partons pour Saint-Laurent-de-Maroni où nous rejoignons la piste pour les chutes Voltaire. Les 70 km de piste, avec une halte pour un contrôle d’identité par la Gendarmerie Nationale, nous amènent au départ du sentier.
Là nous nous chargeons de tout ce dont nous aurons besoin pour quatre jours et quatre nuits, et c’est lourd ! Premier obstacle : un tronc couché fait office de pont au dessus du ruisseau.
Même en bottes, celui-ci est difficilement franchissable à pieds secs. Certains traversent le pont sans sacs, tandis que les autres font l’aller-retour avec les chargement, soit sur le pont, soit comme Quentin, par le ruisseau, avec les pieds mouillés dans les bottes. N’est pas funambule qui veut ! ! Nous atteignons finalement les chutes après 1h20 de marche dans la forêt, et sommes contents de découvrir les lieux, avec l’eau courante, et un carbet installé dans une clairière. Certes son toit n’est pas étanche, mais la structure a l’air solide. Comme nous sommes seuls, nous nous y installons, car le deuxième carbet, installé en haut des chutes est rapidement occupé. Plus tard une famille viendra aussi s’installer dans « notre » carbet pour deux nuits, et le voisinage se passe très bien.
Lundi 26 octobre
Après une nuit réparatrice sous le carbet des « chutes Voltaire », petit déjeuner vers 8H. Nous nous régalons d’un délicieux porridge préparé d’une main experte par Gabriel.
Dans la journée, nous montons les dix filets de douze mètres chacun, sous la direction de Quentin.
Dans la journée, ils captureront des oiseaux et la nuit des chauve-souris. Les filets ne sont tendus qu’en fin de journée, afin de capturer les oiseaux à partir de 16 h seulement. Les premiers oiseaux capturés sont un martin pêcheur d’Amazonie, capturé au dessus de la rivière, et un grimpar bec en coin. Ce dernier est un peu un des équivalents des grimpereaux que l’on trouve en Europe, car il chasse les insectes sur les troncs, et y prend appui sur sa queue. Nous pourrons bien observer ce comportement lorsqu’il sera relâché peu après sa capture.
Nous découvrons ainsi peu à peu que dans la forêt primaire, les oiseaux sont discrets et difficiles à observer : un inventaire nécessite donc l’usage de filets de capture.
A la nuit tombée, alors que nous commençons la détermination des premières chauves-souris, il commence à pleuvoir. Météo France avait pourtant prédit « nuit claire sur toute la Guyane » ! Rapidement il tombe des trombes d’eau, et il faut modifier le bâchage du carbet. Plus urgent, il faut plier les filets et retirer les éventuels oiseaux et chauves-souris capturées. Quentin et Solène vont donc faire le tour des filets. Deux colibris et plusieurs chauves-souris sont capturées. Solène tombe dans un trou d’eau durant la tournée des filets, mais rien de grave, elle ne pouvait pas être plus trempée !
Il faut maintenant sécher les pochons en coton dans lesquels sont enfermées les chauves-souris et les deux colibris.
Nous nous mettons autour des réchauds et séchons les pochons qu’il nous reste afin de mettre les animaux au sec.
C’est tout à fait inhabituel de capturer des colibris de nuit, et les chauves-souris capturées ce soir là sont aussi les captures rares : ce sont des insectivores. Nul doute que l’orage en est la cause. Durant la pluie un grand papillon Lycaenidé vient se réfugier sous le carbet et se pose sur certains d’entre-nous ; encore une observation à attribuer à la pluie. Finalement, après une heure de pluie, cela se calme, et nous pouvons identifier et relâcher les chauves-souris.
- Après les mesures, les chauves souris que ne s’envolent pas instinctivement sont placées sur un tronc d’arbre.
Le sol est trempé, mais nos hamacs sont secs. Sur une des chauves-souris, il y a des mouches parasites, Gabriel parvient à en capturer une qui sera stockée dans l’alcool.
Mardi 27 octobre
Au petit matin nous décidons de relâcher les deux colibris topazes capturés durant la pluie. Afin de leur donner un peu d’énergie au départ, Quentin mélange du miel dans un peu d’eau et leur donne à boire à la cuillère avant leur départ. Ils partiront ensuite apparemment en pleine forme, malgré une nuit mouvementée !
- Après l’orage, Quentin donne un peu d’eau additionnée de miel à un colibri topaze avant de le relâcher.
La séance de capture du matin, de 7 à 9 h nous donne de nouvelles espèces. Nous pouvons ainsi admirer un grand jacamar et un grimpar flambé, espèce plus grande que celle de la veille. La tournée du matin nous rassure aussi sur un point essentiel : l’orage n’a pas occasionné de dégâts aux filets, par des chutes de branches par exemple.
Il faut maintenant faire sécher toutes nos affaires....
Cet après midi, c’est atelier tressage de palmier et jeux
- Dans l’après-midi, nous apprenons les mille et un dangers qui guettent les chauve-souris grâce à un jeu de la chauve souris, conçu sur le principe du jeu de l’oie, mais avec les aléas d’une vie de chauve souris.
Mercredi 28 octobre
En fin de matinée, certains d’entre nous avons la chance de voir deux atèles passer dans la canopée près du campement. Il y a deux ou trois individus qui passent d’arbre en arbre dans la canopée, mais nous ne voyons qu’un bras, une patte ou une longue queue noire à travers le feuillage. Cela dure moins de deux minutes, mais nous avons apprécié ce moment privilégié d’observation d’un primate peu courant dans son milieu naturel.
Dans la journée, c’est calme dans la forêt. Nous en profitons pour faire un peu de lessive dans la rivière et profiter de l’effet balnéothérapie des chutes d’eau.
Le soir nous capturons une chauve-souris Trachops cirrhosus. Cette espèce remarquable par ses papilles au menton a un régime alimentaire très particulier au sein des chiroptères : elle est spécialisée dans la capture d’amphibiens !
- La chauve souris Trichops cirrhosus, capturée le 28 octobre, est une des rares chauves-souris se nourrissant d’amphibiens. Elle est facile reconnaître, grâce aux excroissances de son menton.
Comme tous les spécimens de chiroptères capturés, elle est photographiée sous toutes les coutures avant d’être relâchée. Un diptère parasite y est aussi prélevé pour identification ultérieure.
Jeudi 29 octobre
Dernier matin au camp voltaire. Nous replions le camp et emportons tout ce que nous avons amené, y compris et surtout la poubelle, qui contient même certains déchets laissés par d’autres visiteurs peu scrupuleux. Le site des chutes Voltaire, comme tout site naturel, est fragile, et il importe que chacun veille à la propreté du lieu.
Après une petite photo de groupe, nous partons chargés sur le chemin vers le minibus.
- Martha et Emese au retour du campement aux chutes Voltaire. Nous n’avons pas - comme certains - oublié nos poubelles...
Cela nous semble bien plus facile et rapide qu’à l’aller ; il est vrai que nous sommes moins chargés. En chemin,un jacamar à bec jaune se laisse admirer par tous à deux mètres de nous avant finalement de s’envoler.
Nous regagnons le minibus et repartons sur la piste vers Saint Laurent de Maroni. A mi-chemin de la piste, la tuile : pneu crevé ! Alain prend les choses en main, et le cric est rapidement mis en service, mais il s’avère rapidement que décrocher la roue de secours relève du casse-tête chinois. Grâce aux idées cumulées de Quentin, Alain et Gabriel, nous finissons par la dégager, mais le cric s’avère trop petit pour soulever suffisamment le minibus pour positionner la roue de secours à la bonne hauteur. Grâce à l’aide de trois ouvriers qui passaient en camionnette une solution est trouvée : la piste est creusée à la machette pour pouvoir mettre la roue de secours en place. Enfin, après deux heures d’efforts, nous pouvons repartir, non sans avoir d’abord rebouché consciencieusement le trou creusé. Nous arriverons à Saint Laurent à la tombée de la nuit et pique-niquerons le long du Maroni en admirant un coucher de soleil sur le Surinam. Nous verrons d’abord les martinets chasser les insectes au dessus du fleuve, puis, une fois la nuit tombée, les envols de chauve-souris piscivores. Nous finirons par arriver à Cayenne vers minuit.
Vendredi 30 octobre
La matinée, après la grasse matinée réparatrice, est passée à la lessive. L’après-midi nous faisons la traversée du Mont Bourda, site protégé par le Conservatoire du Littoral.
Certains arbres sont dûment étiquetés, comme un fromager Ceiba pentandra ou un tobitutu Schefflera decaphylla, mais leur identification est vraiment difficile, car leurs troncs se ressemblent, et les premières feuilles sont souvent à 40 m de hauteur. Pour compliquer le tableau, des épiphytes poussent sur les troncs et aiguillent les apprentis botanistes sur de fausses pistes. Sur le chemin du retour à travers un quartier cossu de Cayenne, maisons entourées de jardins clôturés et portails, il y a un merle leucomèle qui chante. Son chant flûté rappelle le chant du merle noir européen.
Samedi 31 octobre
Petite promenade matinale sur la plage au lever du soleil pour Gabriel. Encore des limicoles : tournepierres, chevaliers grivelés et pluviers semipalmés. Des aigrettes neigeuses se disputent les meilleurs emplacements de pêche, ce qui donne de bonnes opportunités de photos dans le soleil matinal.
Après le petit déjeuner, nous allons à Cayenne afin de faire quelques achats de souvenirs et de fruits et légumes au marché. Ce dernier est haut en couleurs : il y a des fruits et légumes de toutes les couleurs, et tant les chalands que les marchants sont de toutes les couleurs : c’est vraiment un microcosme de mélanges de cultures et de langues. Pour compléter la variation, nous déjeunons d’une soupe achetée chez un marchant chinois !
L’après midi, Alain nous quitte pour regagner la métropole ; Gabriel, Emese,Adèle et Martha reprendront le même avion le lendemain, hélas. Il y a encore tant de choses à découvrir en Guyane...
Dimanche 01 novembre
C’est aujourd’hui l’anniversaire de notre Grande Organisatrice, Solène. Hélas c’est aussi notre jour du départ de Cayenne. Afin de profiter au maximum de la matinée qui reste,
Gabriel quitte notre appartement dès 6h20 pour un tour sur la plage. Ce fut l’occasion de dernières observations de mouettes atricilles (Leucophaeus atricilla) et de chevaliers grivelés (Actitis macularius). Un tyran mélancholique (Tyrannus melancholicus) et une moucherolle pie (Fluvicola pica) se sont montrés très confiants, permettant de bonnes photographies.
Après le petit déjeuner agrémenté de croissants, nous partons pour une dernière traversée de la forêt du Mont Bourda, à 15 minutes à pieds de notre gîte.
En chemin nous remarquons qu’il y a de nombreux urubus noirs (Coragyps atratus) dans le ciel. Nous en comptons au moins une vingtaine. En approchant de la plage, nous constatons que certains urubus s’y sont posés et y dévorent les poissons morts apportés par la marée.
- Sur la plage de l’Anse de Bourda, les urubus noirs mangent les poissons morts, en ignorant les promeneurs.
Dans la forêt, nous lisons l’histoire de certaines des espèces d’arbres, grâce à un petit guide de l’ONF acheté la veille en ville (« Drôles d’arbres de Guyane »).
Nous apprenons ainsi que le bois caïman (Laetia procera) est ainsi appelé à cause du relief de son écorce qui rappelle celle de la peau du caïman, et que le caca chien (Hymenaea courbaril), ainsi nommé à cause de la forme de ses fruits, produit un bois très apprécié en ébénisterie.
A la fin de la ballade, Martha repère un écureuil pygmée d’Amazonie (Sciurillus pusillus), qui vient descendre un tronc tout près de nous, avant de disparaître dans le sous-bois. Ce fut notre dernière rencontre avec la faune de Guyane pour ce voyage, mais - c’est promis - on reviendra !
Pour les personnes qui voudraient suivre les aventures du programme de recherche PERCEPTION, vous pouvez aimer et partager la page « OSI PERCEPTION » via facebook.