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Qui était Alexander von Humboldt ?

Une réflexion sur le personnage d'Alexandre de Humboldt (1769-1859), naturaliste, géographe et explorateur allemand dont la qualité des relevés a fourni les bases des explorations scientifiques. Cet article résume la préface de Mireille Gayet dans son ouvrage Alexandre de Humboldt dernier savant universel (éd. Vuibert, 2006) Voir descriptif détaillé

Qui était Alexander von Humboldt ?

Une réflexion sur le personnage d'Alexandre de Humboldt (1769-1859), naturaliste, géographe et explorateur allemand dont la qualité des relevés a fourni les bases des explorations scientifiques. Cet article résume la préface de Mireille Gayet dans son ouvrage Alexandre de Humboldt dernier savant universel (éd. Vuibert, 2006) Voir descriptif détaillé

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Introduction

Peu reconnu en France à l’heure actuelle, il était le savant le plus célèbre du début du XIXe siècle, équivalant la célébrité de Napoléon Ier. Ayant pourtant vécu à Paris pendant 20 ans comme membre de l’Académie des sciences et ayant collaboré avec de grands scientifiques français, tels que Gay-Lussac, son ami intime, Cuvier, Biot ou bien Laplace, et rédigeant même ses travaux en français. Ses origines prussiennes et les nombreux conflits entre la France et la Prusse au cours du XIXe siècle l’on sans doute fait oublier de ses contemporains français, bien que l’Allemagne l’ait reconnu à la fin du XIXe siècle.

Le Projet

Alexander von Humboldt

Considéré comme le second découvreur de l’Amérique suite à son expédition scientifique, la première en Amérique du Sud (1799-1804), et au cours de laquelle, accompagné par son ami Aimé Bonpland, il a traversé des forêts tropicales, remonté des fleuves, parcourut les cordillères, les volcans des Andes et les pyramides mexicaines tout en inventoriant la faune et la flore, en analysant les climats et la géologie mais aussi la société coloniale espagnole.

Carte de son expédition en Amérique

C’est davantage grâce à ses immenses travaux de synthèse qu’on lui attribue la fondation de nombreuses sciences comme l’écologie, la climatologie et l’océanographie ainsi que l’ethnologie, l’anthropologie et l’archéologie américaniste. Bien qu’il ait également joué un rôle important dans d’autres disciplines telles que la cartographie, la physiologie, le magnétisme et la vulcanologie. Cet ensemble de domaines dans lesquels il a eu une influence fondamentale, nous amènerait donc à le considérer comme un savant universel, le dernier si l’on en croit Mireille Gayet, chercheur en paléontologie au CNRS, université Lyon-I, et auteur d’une biographie intitulée Alexandre de Humboldt, le dernier savant universel. A l’époque de la division des sciences en disciplines que faut-il comprendre derrière ce titre de « savant universel » ?

Un savant universel ?

Loin de n’être qu’un touche-à-tout, comme certains détracteurs de son époque le désignait, Mireille Gayet, le désigne plutôt comme un « généraliste de très haut niveau », dont le principal atout a été de douter sans se laisser guider par les courants de pensée de son époque. Cela impliquait pour lui le fait d’expérimenter sans cesse, de toujours contrôler avant de synthétiser, c’est en cela que l’on peut considérer qu’il ne s’est jamais arrêté aux trois principales actions de la science : l’observation, largement réalisée par ses prédécesseurs, la mesure et l’expérimentation, qui ont été peu fait avant lui.

Humboldt et Bonpland dans la jungle amazonienne.

Etant lui même un défenseur de la réforme de la chimie par Lavoisier qui intègre des données instrumentales et mathématiques, dont il s’inspirera en emmenant avec lui, lors de son expédition, un ensemble d’instruments, comme le montre le tableau ci-dessus, pour réaliser tout au long de son parcours des mesures astronomiques et météorologiques, ainsi que des relevés de magnétisme, de température et de composition chimique des mers, fleuves, sols et de l’air. En accumulant ces données, il créa un ensemble de variables environnementales dont il s’est servi pour appréhender les relations du vivant avec son milieu pour en expliquer le fonctionnement, à travers ce qu’il appelle un « empirisme raisonné » : « l’ensemble des faits enregistrés par la science, et soumis aux opérations de l’entendement qui compare et combine » (Cosmos, 1855, tome I, p. 72). Avec cette approche, seules les sciences peuvent fournirent les principes de genèse et d’organisation de la Nature, ce qui exclue donc toute référence à une divinité, Humboldt s’oppose alors aux courants philosophiques précédents mais aussi à ceux de son époque. Il regroupe les faits similaires afin de les expliquer et s’oppose à ses prédécesseurs qui se contentaient d’en faire l’inventaire sans vraiment chercher de sens, y appliquant au mieux les visions du monde qu’ils considéraient comme réelles. Humboldt chercha à décrypter les enchaînements des phénomènes entre vivant et inanimé, considérant le monde à travers le prisme d’un équilibre général, où une infinité de forces mécaniques et d’attractions chimiques se compensent entre elles. C’est ce qu’il fit à travers ses expéditions, ses observations et ses analyses. Peut-on cependant parler d’une science humobldtienne ?
Si l’on considère que oui, on peut la penser comme un « professionnalisme » (Suzan Faye Cannon, 1978) résultant des particularités de son approche, telles que le doute ou le rejet des théories anciennes, l’utilisation abondante des expériences et des vérifications, la précision des mesures et des observations mais aussi la création de nouveaux outils, de nouvelles méthodes graphiques, d’analyses et de synthèse. L’autre manière de considérer la science humoldtienne passe par son approche internationaliste et pluridisciplinaire, exact opposé des sciences antérieures centrées sur les nations (Ottmar Ette, 2001). Nous l’avons vu précédemment, ses pratiques particulières bien que récente à la fin du XVIIIe siècle, sont présentes (Réforme de Lavoisier) et l’ont influencé.

Un savant des Lumières ?

Humboldt a été pris en tenaille entre deux nations que tout oppose, l’Allemagne, son pays de naissance qui promouvait la restauration d’une nation allemande monarchique avec un mouvement philosophique opposé aux Lumières, le Sturm und Drang, et la France, un état républicain issu de la philosophie des Lumières et imprégné de l’esprit de la Révolution. Bien qu’en équilibre entre deux nations et deux siècles, son choix s’est davantage porté vers la philosophie des Lumières, rêvant d’un Etat républicain allemand. C’est pourquoi il a également mené un combat contre l’obscurantisme en cherchant à éduquer ce peuple par le discours et la persévérance, devenant ainsi pédagogue. A cela se mêle aussi le portrait d’un poète un peu rêveur, inspiré à la fois par Kant et Goethe autant que par Lavoisier et Schiller, alternant dans ses ouvrages le genre descriptif scientifique et le genre oratoire. Il a ainsi réussi à toucher un public beaucoup plus large que celle des érudits.
Alexander von Humboldt mourra à l’âge de 90 ans, alors qu’il est en train de rédiger son oeuvre majeure, Cosmos, constitué de 5 tomes, dont le dernier publié à titre posthume. Dans cette oeuvre, à l’instar de l’Encyclopédie de Diderot, il chercha a rassemblé « Tout le monde matériel, tout ce que nous savons aujourd’hui des phénomènes des cieux et de la terre, depuis les nébuleuses jusqu’à la géographie de la mousse qui pousse sur les rochers de granit. (…) Toute grande et importante idée, qui a rayonné quelque part, doit y avoir sa place à côté des faits. Il doit représenter une époque du développement intellectuel de l’humanité, en ce qui concerne la science de la nature » (Charles Frédéric Girard, 1860, Lettre d’A. De Humboldt à K.A. Varnhagen von Ense du 24 octobre 1834, cité par Mireille Gayet dans Alexandre de Humboldt, le dernier savant universel). Un livre qui rassemble donc l’ensemble de ses réflexions aussi bien empiriques que philosophiques sur la Nature et qui semble alors résumer sa vie.

Bibliographie

GAYET, Mireille. Alexandre de Humboldt dernier savant universel. Vuibert (Paris) .2006. 412p.
DUVIOLS, Jean-Paul. MINGUET, Charles. Humboldt savant-citoyen du monde. Gallimard (Paris). 1994. 144p.
HUMBOLDT, Alexander von. Cosmos : essai d’une description physique du monde. I. Traduit par H. Faye. Gide et J. Baudry (Paris). 1855-1859. Disponible sur : http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k73654q (consulté le 15/03/2018)
HUMBOLDT, Alexander von. Cosmos : essai d’une description physique du monde. II. Traduit par H. Faye. Gide et J. Baudry (Paris). 1855-1859. Disponible sur : http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k73656d (consulté le 15/03/2018)

Sources des images

Par Joseph Karl Stieler — [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/ind... (consulté le 15/03/2018)
Carte du voyage : Par Alexrk - Translated and modified by Historicair — Image:AvHumboldts Amerikareise map de.svg by Alexrk, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/ind... (consulté le 15/03/2018)
Par Eduard Ender — Red Redial, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/ind...

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